Incident nucléaire à Mol : Ecolo exige la vérité
En réponse à une question posée par le député fédéral Ecolo Samuel Cogolati, le ministre de l’Intérieur, en charge de la sécurité nucléaire, Pieter De Crem, a récemment indiqué que deux événements nucléaires n’ont pas été déclarés aux autorités conformément au Plan d’urgence nucléaire.
L’un de ces deux incidents remonte au 15 mai dernier, soit une dizaine de jours avant les élections. Au Centre d’étude pour l’énergie nucléaire (SCK-CEN) à Mol, une capsule de Sélénium-75 a été endommagée et un dégagement de fumée a alors été observé par l’opérateur. Immédiatement, une contamination dans la ventilation de la cellule chaude (zone où était réalisée l’opération) a été détectée. Cette ventilation étant reliée à la cheminée du réacteur BR2, l’évènement a provoqué un rejet par cette cheminée dans l’atmosphère.
Le lendemain de l’incident, le CEN a tenté de rassurer en communiquant que cela n’avait eu “aucun impact sur le bien-être des travailleurs” et sur “l’atmosphère”. Pour Samuel Cogolati, c’est tout simplement faux: « L’incident a d’une part contaminé plusieurs membres du personnel. D’autre part, l’incident a été détecté jusqu’à Lille par l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) en France (le rapport est disponible ici).”
Tout aussi interpellant, cet incident (de type « alert ») a été rapporté à l’AFCN et à Bel V à 18h30. Le centre de crise fédéral n’en a toutefois été averti que 4 heures plus tard (4 heures trop tard !). Quant aux autorités locales, elles n’ont pas du tout été informées. Le délai d’avertissement a été jugé « inacceptable » par le Ministre De Crem. Il explique qu’une concertation a eu lieu et qu’une « clarification » et une « adaptation » des procédures ont eu lieu.
Le même incident s’est néanmoins répété trois mois plus tard, le lundi 19 août. Samuel Cogolati a dès lors demandé vendredi une audition en sous-commission sécurité nucléaire du Centre de crise, de l’AFCN, de l’IRE et du CEN pour mettre ces indicidents au clair: « Le SCK-CEN n’a pas réagi de manière correcte et transparente autour de l’incident du 15 mai. Ces manquements interviennent dans un établissement de classe 1 alors qu’un nouveau Plan d’urgence nucléaire et radiologique est entré en vigueur en 2018 en Belgique. Les adaptations du Plan d’urgence concernaient justement le signalement et la déclaration d’incidents auprès des différents services, ainsi qu’un renforcement du rôles des acteurs locaux (bourgmestres et gouverneurs). Or ici, il apparaît que les autorités locales de Mol n’ont pas du tout été averties. Il est aberrant que les procédures d’urgence en vigueur ne soient pas suivies dans un secteur aussi sensible que le nucléaire. Les règles doivent être appliquées, et c’est ce que nous voulons rappeler au Parlement et à tous les acteurs du nucléaire. »