Le Parlement de la Fédération s’attaque résolument au harcèlement sur les campus
Remarques sexistes ou discriminantes, abus physiques et sexuels, violences psychologiques… : l’enseignement supérieur n’est pas épargné par le hacèlement. Tantôt entre étudiant.e.s, parfois du fait de professeurs ou entre travailleurs, ces phénomènes sont nombreux et multiformes.
A ce jour, impossible de les objectiver, car aucune étude n’existe pour la Belgique francophone. Mais la multiplication des témoignages d’étudiantes dans la presse laisse présager l’ampleur du phénomène. Selon Amnesty, 20 % des femmes ont déjà été victimes d’agression sexuelle et seulement une sur trois dépose plainte. Et les études internationales confirment cette tendance au sein de l’enseignement supérieur.
Pour lutter contre ce phénomène, une résolution déposée par la majorité PS-MR-ECOLO a été votée aujourd’hui au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec pour objectif :
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de lancer une étude scientifique exhaustive sur le phénomène du harcèlement ;
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d’imposer à chaque établissement de créer un dispositif de référence et d’accompagnement ;
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de prévoir une voie de recours externe pour les signalements en cas de dysfonctionnement du dispositif interne ;
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d’adopter un cadre légal spécifique pour mieux protéger les étudiant.e.s ;
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d’informer et sensibiliser les établissements, le personnel et les étudiant.e.s, au sujet du harcèlement.
« Les personnes victimes de harcèlement se retrouvent aujourd’hui trop souvent démunies face à ce qui leur arrive. Certain.e.s en viennent à arrêter leurs études. Le manque de données statistiques dont nous disposons en Belgique contribue en outre à invisibiliser le problème. Selon des études réalisées en Australie et aux Etats-Unis, 25% des étudiantes dans l’enseignement supérieur ont subi des violences sexistes et 20% des étudiants ont été victimes de harcèlement sexuel. Les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les personnes issues de minorités sont surexposées à ces violences », expliquent les députés Ecolo Rodrigue Demeuse et Margaux De Ré. « Il est donc urgent de mettre en place le plan d’actions que nous avons construit avec le terrain, et de renforcer le cadre existant, afin de prévenir et lutter contre le harcèlement des étudiants et étudiantes », concluent les députés écolos.
“Face à cet état des lieux, les universités ont notamment mis en place des structures de soutien et des outils de sensibilisation. Mais tous les Établissements d’Enseignement Supérieur n’ont pas forcément les ressources suffisantes pour mettre en place de tels dispositifs. Cette proposition de résolution appelle ainsi à une réponse structurelle au harcèlement : nous demandons la création d’une cellule dans tous les établissements, avec du personnel formé afin que tout.e étudiant.e puisse avoir accès à un soutien psychologique ou juridique, qu’il ou elle étudie au sein d’une Université, d’une Haute Ecole ou d’une Ecole Supérieur des Arts. Il est aussi nécessaire d’insister sur la nécessité de travailler en amont du harcèlement, pour éviter que de tels drames ne se produisent. Cela doit passer par la déconstruction des stéréotypes de genre, le renforcement de l’EVRAS ou encore par la lutte contre l’impunité des personnes auteures de harcèlement”, ont déclaré les député.es PS Gwenaëlle Grovonius et Thierry Witsel.
Pour les députés MR Hervé Cornillie et Rachel Sobry: “Il était important de faire connaître le cadre législatif et les dispositifs d’aide existants, car les victimes de harcèlement ont trop souvent l’impression d’être seules, démunies, avec personne pour les écouter ou pour assurer un suivi et veiller à ce que les auteurs soient mis hors-jeu. Des établissements d’enseignement supérieur ont pris des initiatives, mais elles sont disparates, voire inégales. Nous visons donc un égal accès à ces dispositifs: une victime doit pouvoir faire un signalement interne et s’assurer qu’il soit dûment traité. Cela veut dire qu’il faut des informations précises sur le phénomène du harcèlement et sur la manière de le prévenir et de la combattre.”