L'attente n'est plus une option
Cela fait plus de 50 jours que plusieurs centaines de femmes et d’hommes sans-papiers ont arrêté de se nourrir au risque d’y laisser leur vie. Ils occupent les locaux de l’ULB, de la VUB et de l’église du Béguinage à Bruxelles. La plupart d’entre eux sont des travailleuses et des travailleurs, présent.e.s sur notre territoire depuis de nombreuses années ; leurs enfants fréquentent nos enfants à l’école ou dans des activités parascolaires.
Cette grève de la faim est un cri de désespoir poussé par des personnes épuisées de vivre dans la précarité, l’insécurité et la peur, et éreintées par la crise sanitaire qu’elles ont traversée.
Face à l’urgence absolue de la situation, c’est désormais ensemble que nous prenons la parole dans l’espoir de donner plus de force à notre appel à l’action !
L’attente n’est plus une option tant la catastrophe est imminente. L’inaction devient, quant à elle, coupable dès lors que des solutions humaines et pragmatiques sont à portée de main. Il est temps d’y œuvrer pour mettre un terme à cette grève de la faim et préserver la vie de personnes qui n’ont plus que leur corps pour dire leur désir d’exister et de s’intégrer dans la société.
Nous en appelons à un sursaut d’humanité, de solidarité et de courage politique. Nous joignons notre voix aux nombreux appels des syndicats, du patronat, de la société civile, du Grand Rabbin de Bruxelles et de l’Église catholique pour qu’au désespoir des grévistes réponde la main tendue du gouvernement.
Certes, l’accord de gouvernement ne prévoit pas une régularisation collective des personnes sans-papiers, mais il ne justifie, en aucun cas, que l’on laisse, sans aucune perspective, des femmes et des hommes en situation de désespoir total et de danger de mort.
Nous exhortons le Premier Ministre et le Secrétaire d’État Sammy Mahdi à trouver, en concertation avec les représentants des grévistes, une solution pragmatique, humaine et digne, pour mettre fin à ce calvaire. Le Secrétaire d’État a le pouvoir juridique de le faire en mobilisant les leviers dont il dispose dans le cadre de ses compétences propres, au vu des circonstances exceptionnelles et de la situation sanitaire et médicale dans laquelle les grévistes se trouvent.
Aujourd’hui, l’heure est à l’urgence absolue.
Demain, nous, progressistes, devrons retrousser nos manches pour déployer des solutions structurelles, telles que l’établissement de critères clairs de régularisation, la création d’une commission indépendante, et plus généralement, d’une politique d’asile et de migration portée par le souci du respect des droits fondamentaux.
Nous rappelons également que l’intégration des étrangers sans-papiers ne répond pas qu’à des exigences humanitaires et sociales. C’est aussi l’occasion de renforcer la protection sociale et le marché du travail en répondant aux besoins de secteurs-clés de notre économie et en rompant avec les pratiques d’exploitation des travailleurs étrangers sans-papiers.
Enfin, nous saluons le travail de nos mandataires, qui, à tous les niveaux de pouvoir, n’ont de cesse d’agir pour alléger le fardeau des personnes sans-papiers et veillent à ce que notre pays soit au rendez-vous de ses valeurs d’humanité et de solidarité.
Anne Lambelin
Paul Magnette
Rajae Maouane
Jean-Marc Nollet