Démocratie : face au danger, faire face
Vous avez probablement, comme nous, suivi les événements d’hier soir aux États-Unis. Comme nous, vous avez été sidéré·e·s par ces images et leur violence. Comme nous, vous vous êtes rappelé·e·s à quel point la démocratie est un bien fragile qui a besoin d’être entretenu pour vivre et se déployer plutôt que se replier dans la peur d’elle-même. Car c’est souvent en son nom que les extrémistes avancent pour mettre en place leurs ambitions autocratiques.
Ces images qui nous interpellent et nous choquent ne sont malheureusement pas le propre des États-Unis. La démocratie, en tant qu’idéal de liberté, d’autonomie et d’égalité, est malmenée aux quatre coins du monde. Du parking C du Heysel aux marches du Capitole en passant par les forêts d’Amazonie, nous voyons percoler les thèses complotistes et les discours haineux de ceux qui n’ont d’autres solutions à proposer que la désignation de coupables et d’ennemis de la Nation.
Ici comme ailleurs, nous, démocrates, avons le devoir de ne jamais faiblir en commençant à considérer comme acceptable ce qui, fondamentalement, ne l’est pas. Non à la banalisation!
Ici comme ailleurs, nous, démocrates, avons également le devoir de nous interroger sur les dynamiques qui permettent à certains d’en instrumentaliser (beaucoup) d’autres. Car derrière les manifestants du Capitole ou d’ailleurs, il y aura toujours des Trump pour faire d’un profond malaise des armées de mécontents.
La politique n’est pas un jeu où une ‘punchline’ répond à une autre, avec au milieu un arbitre qui compte les points. À chaque attaque contre une minorité ou contre des libertés fondamentales, à chaque parole libérée pouvant s’exprimer en toute impunité, c’est notre sens commun démocratique et notre État de Droit qui régressent et s’affaiblissent.
Nous le disions, notre démocratie a besoin d’être entretenue. Qu’est-ce à dire?
Ce qui fait notre démocratie, ce sont bien entendu des principes, une Constitution, des règles de droit, mais aussi et surtout des femmes et des hommes qui, chacune et chacun, ont le droit de trouver leur place dans la société. Pour toute personne oubliée en chemin, se sentant exclue de ce qui fait société, nous sommes face à un échec collectif.
Nous devons viser une société où le Produit Intérieur Brut (PIB) n’est plus le cap et la croissance la soi disant bouée, mais où tout le monde a sa place. Nous devons viser une société où chaque voix a le droit de s’exprimer, et pas seulement au moment de l’élection, et où une attention spécifique doit être apportée à ceux qui pensent qu’ils ne comptent pas. Nous devons viser une société qui refuse que les discours de haine et de divisions se banalisent.
Nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Un rôle qui commence dans notre quotidien. Un rôle qui a pour premier nom « solidarité ». En ces temps où nos repères vacillent , alors qu’une pandémie nous impose des mesures qui peuvent heurter nos principes et valeurs démocratiques, rappelons-nous qu’aucune fin ne justifiera jamais les moyens et que l’attachement à notre État de droit doit rester notre seule boussole.