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Carte blanche – À l’heure du Coronavirus, montrons nous solidaires des pays du « Sud »

Publié le 17 avril 2020
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À l’heure où en Belgique et en Europe, le virus continue à faire des victimes, à l’heure où le confinement porte un coup très dur à notre économie, quel que soit le domaine d’activité, à l’heure où de très nombreux Belges sont inquiets pour leurs moyens de subsistance, il est difficile de regarder comment cela se passe ailleurs. Et pourtant…

Et pourtant, l’épidémie du COVID-19 provoque des ravages partout, chez nous mais aussi et encore davantage dans les pays dits « en développement ». Des ravages sanitaires d’abord, puisque les règles de confinements sont difficiles voir impossibles à suivre pour beaucoup de communautés et parce que les systèmes de santé y sont très fragiles. Mais aussi, et peut-être surtout, des ravages économiques. Dans un contexte où la protection sociale est peu développée, l’économie largement informelle et orientée vers l’exportation, la fermeture des frontières et l’écroulement des marchés ont pour conséquence une crise majeure pour les pays les plus pauvres. Cette crise va renforcer encore l’insécurité alimentaire qui touchait déjà, avant la pandémie, deux milliards de personnes dans le monde. Elle pourrait précipiter pas moins d’un demi-milliard de personnes dans la pauvreté (source : Oxfam). Pour nous, écologistes, il est non seulement dans l’intérêt des pays européens de combattre le virus et ses impacts économiques dans le Sud, mais il est surtout, éthiquement, de notre responsabilité de nous montrer solidaires.

Depuis le début de la crise, nous avons demandé au Gouvernement fédéral qu’il s’engage à annuler les dettes des pays les plus pauvres, comme cela est demandé par les Nations-Unies et la société civile internationale. Aujourd’hui, 46 pays classés “à faible revenu” dépensent davantage pour rembourser leur dette qu’en soins de santé. C’est inacceptable, surtout face à la pandémie que la population mondiale subit actuellement. Pour le moment, le G20 annonce une suspension temporaire du service de la dette mais ce n’est pas suffisant. Nous attendons que la Belgique pose un acte politique clair et donne l’exemple en annulant les dettes bilatérales, sans condition, et qu’elle plaide pour une annulation immédiate des dettes dues par ces pays à la Banque mondiale.

En tant qu’écologistes, nous demandons aussi que la Belgique engage des moyens additionnels pour contribuer aux fonds humanitaire et socio-économique des Nations Unies. Sous la dernière législature, l’aide publique au développement de la Belgique n’a cessé de diminuer et ne correspond plus qu’à 0,42 % de notre revenu national brut en 2019, alors que nous nous étions engagés à respecter l’objectif international de 0,7 %. Pour que les pays en développement puissent affronter cette crise, ainsi que celles qui se profilent dans le futur, en ce compris celle du changement climatique, il faut qu’ils soient soutenus par la Communauté internationale, Belgique y comprise. C’est d’abord une position éthique mais il en va également de notre intérêt à tou·te·s de garder le contrôle tant que possible sur cette crise sanitaire ainsi que sur les crises futures. La Belgique, et a fortiori l’Europe, ne sont pas une île isolée. Dans notre monde globalisé, une crise incontrôlée ailleurs ne laissera personne indemne, mais elle touchera tous les pays comme un immense domino.

En tant qu’écologistes, nous demandons encore que la Belgique s’engage à soutenir structurellement les besoins prioritaires de ses pays partenaires. La réponse ne peut pas être uniquement de type humanitaire. Les pays affectés doivent pouvoir renforcer structurellement leurs systèmes de santé, de protection sociale et leurs systèmes alimentaires. Ce sont des enjeux pour lesquels des réponses doivent être données de manière urgente. Dans ce cadre, la Belgique peut aussi compter sur l’expertise et l’expérience d’acteurs non gouvernementaux ainsi que de son agence de développement (Enabel), dont les partenaires doivent pouvoir être soutenus.

Les Spring Meetings de la Banque Mondiale et du FMI, pendant lesquels les parties prenantes discuteront de réduction de la pauvreté et du développement économique international, se tiendront ces vendredi et samedi et nous ne connaissons même pas les positions qui y seront défendues par nos représentants. Il s’agit d’un manque de transparence beaucoup trop habituel, mais pas pour autant acceptable, en matière de représentation internationale de notre pays. Nous aurions souhaité davantage de transparence et un engagement plus fort de notre Gouvernement à ce sujet. À ce stade, cet engagement est soit inexistant, soit très vague. S’il faut le redire, nous le répéterons : comme écologistes, nous demandons à la Belgique de se montrer solidaire des pays les plus vulnérables, il en va de l’intérêt de toutes et tous.

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