Ecolo-Groen demande un tribunal pénal spécial pour poursuivre les crimes contre l'humanité au Congo
Cela fait plus de 25 ans que des centaines de crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont commis dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), rapports des Nations Unies à l’appui. Alors que la loi du silence domine et que ce conflit semble oublié en Europe, Ecolo-Groen appelle aujourd’hui le Parlement belge à condamner ces atrocités, y compris les pillages, massacres et viols, à l’encontre des populations civiles et en particulier des femmes et enfants. En 2022, le double de civils a été tué par rapport à l’année passée, des faits qui ne peuvent être tolérés, ni passés sous silence.
L’appel des écologistes rejoint celui du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, auditionné ce mardi après-midi par les députés belges à la Chambre. Le docteur Mukwege, connu pour être « l’homme qui répare les femmes », se bat pour la création d’un tribunal pénal international pour la RDC afin que les auteurs de ces actes horribles ne restent pas impunis. En écho direct à son combat, Ecolo-Groen dépose un texte pour appeler le Gouvernement belge à appuyer un processus de paix ambitieux en RDC fondé sur le droit à la vérité, la justice, la réparation et la non-récidive. Le texte déposé formule une série d’engagements concrets, parmi lesquels :
1. Demander à tous les pays voisins, comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, d’arrêter tout soutien aux groupes rebelles armés qui massacrent des civils dans l’impunité à l’Est du Congo. « Comme nous condamnons toute violation de l’intégrité territoriale en Ukraine, il doit en être de même en République démocratique du Congo », souligne Samuel Cogolati, député fédéral Ecolo.
2. Soutenir la justice dite « transitionnelle » nécessaire en RDC. « Il n’y aura pas de paix durable au Congo sans justice contre les criminels de guerre ! », martèle le député. « Chez nous aussi, les parlementaires doivent se tenir debout aux côtés du docteur Mukwege et de toutes les victimes de la guerre à l’Est du Congo en soutenant l’établissement d’un tribunal spécial pour le Congo. La dignité humaine n’est pas à géométrie variable. Nous devons nous mobiliser avec autant de détermination que dans d’autres conflits pour faire triompher la justice sur l’impunité. Or, au Kivu et en Ituri, deux provinces sous état de siège, de trop nombreux Congolais se sentent complètement abandonnés par les gouvernants et même la communauté internationale. »
3. Lutter contre la prédation des ressources naturelles qui alimente les conflits armés sur place. Si la RDC est l’un des pays les plus riches au monde en matières premières et le premier producteur de cobalt, ses habitants sont parmi les plus pauvres. Pour Samuel Cogolati, « cette profonde injustice doit cesser. Et oui, la Belgique est (en partie) responsable de la prédation des ressources naturelles car c’est avant tout vers l’Occident qu’est directement exporté le minerai exploité par des sociétés multinationales. Hormis de très faibles taxes, rien ne reste sur place. »
La proposition de résolution Ecolo-Groen contre l’impunité des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’Est de la RDC sera prise en considération ce jeudi à la Chambre des représentants.