L’heure du train
La Belgique a choisi, le 18 mars, d’accélérer sa transition vers le 100% renouvelable et l’autonomie énergétique. Et pour approcher cet objectif, elle s’est donné des moyens réglementaires et budgétaires d’une ampleur jamais égalée. Même s’il y a encore beaucoup de boulot à réaliser pour concrétiser les intentions, c’est une belle victoire intermédiaire pour nous, écologistes, qui plaidons depuis toujours, en matière d’énergie, pour consommer moins, produire local et renouvelable – et tendre à l’autonomie.
La mobilité jouera évidemment un rôle central dans cette nouvelle politique énergétique et climatique. Faut-il encore rappeler que nos déplacement représentent, en Belgique, près de 30% des émissions de CO2 ?
Aujourd’hui, par souci d’économie et de la planète, je veux aider les Belges à se tourner davantage vers les transports en commun, et en particulier vers le train, dont le Gouvernement fédéral entend faire la colonne vertébrale de la mobilité de demain. Il faut les encourager à franchir le pas ! Et, en même temps, il faut inscrire nos efforts dans la durée.
L’accord de Gouvernement fédéral fixe d’énormes ambitions pour le rail, que j’ai traduites dans une note-cadre intitulée « Vision 2040 ». Partout où c’est possible, le train doit devenir une alternative crédible à la voiture individuelle. Nous voulons donc plus de trains – au moins deux par heure dans chaque gare -, plus tôt le matin et plus tard le soir, de meilleures correspondances (aussi avec les autres moyens de transport en commun), un très bon service à bord et dans les gares, de nouvelles solutions tarifaires, une accessibilité sans faille, bref plein de choses qui amélioreront la position concurrentielle du train et feront progresser sa part modale.
A l’international également, le train doit s’imposer comme une agréable et vertueuse alternative -cette fois à l’avion. Multiplions les trains à grande vitesse, développons les trains de nuit, qui sont en train de ressusciter, créons un grand réseau ferroviaire européen intégré : c’est mon plaidoyer à chaque réunion du Conseil Transports de l’Union européenne !
Attirons des clients vers la mobilité ferroviaire ! Dans la « Vision 2040 », nous nous sommes fixé un objectif : faire passer la part de marché du train (c’est-à -dire le nombre de personnes qui choisissent le train plutôt qu’un autre mode de transport) en Belgique de 8 % aujourd’hui à 15 %. Pour le trafic de marchandises, nous sommes même plus ambitieux : nous souhaitons que le volume de fret transporté double d’ici 2030.
Ma volonté d’aller dans ce sens va bientôt être formalisée dans les contrats que l’Etat renégocie actuellement avec d’une part la SNCB et d’autre part Infrabel. Le futur Contrat de service public de la SNCB et le futur Contrat de performance d’Infrabel seront très clairs quant au cap à prendre en termes d’amélioration quantitative et qualitative de l’offre.
Mais il va de soi que, parallèlement, nos deux sociétés ferroviaires doivent elles-mêmes s’engager sur la voie de la transition énergétique. C’est une priorité ! Si le train est en effet le mode de transport motorisé le plus vert qui soit, je veux le rendre encore plus durable et plus indépendant au plan énergétique.
Le rail est un énorme consommateur d’électricité, surtout pour la traction. Le rendre encore plus performant d’un point de vue environnemental passera d’abord par une meilleure gestion de la consommation énergétique des trains, des gares et des autres bâtiments utilisés par la SNCB et par Infrabel. L’accord du 18 mars évoque l’installation de davantage de panneaux solaires sur leurs bâtiments, l’utilisation d’éclairage LED dans toutes les gares ou encore l’installation de bornes de recharge intelligentes pour les véhicules électriques dans les parkings de la SNCB et d’Infrabel. À court terme, l’accord prévoit aussi un projet pilote de train à hydrogène, et un soutien financier supplémentaire au transport de marchandises, pour ce qui concerne le « trafic diffus ».
Pour le moment, on est loin du compte. Nos sociétés ferroviaires ne se sont engagées que timidement dans le renouvelable – pour leurs bâtiments. En 2020, seules 8 gares sur 555 étaient équipées de panneaux photovoltaïques ! Heureusement, les ateliers, par la grande surface de leurs toits, font mieux…
Je souhaite dès lors intégrer dans les futurs contrats de nos sociétés ferroviaires la nécessité, d’une part de réduire leur consommation énergétique, et d’autre part d’augmenter la quantité d’énergie renouvelable qu’elles produisent et utilisent.
Les Chinois ont raison : toute crise représente à la fois un danger et une opportunité. Je suis bien décidé à saisir l’opportunité qui se présente pour faire du train, de ce train-là , encore davantage une solution d’avenir pour la mobilité. Bonne pour la planète, bonne pour notre indépendance, bonne pour notre portefeuille, bonne pour notre santé, bonne pour nos économies. Bonne pour nos enfants.