"Les acteurs de l’agriculture paysanne doivent être concertés et soutenus, pas enterrés sous les démarches administratives"
Lundi 25 mai, le ministre de tutelle de l’AFSCA, Denis Ducarme, annonçait par voie de presse un assouplissement des critères de contrôle pour les fromages au lait cru. « Cette annonce a pu sonner comme une première victoire pour les petits producteurs de fromage, durement frappés par la réglementation de l’AFSCA » commente Séverine de Laveleye, députée fédérale Ecolo, « On se souvient de l’affaire Munnix en 2015 ou encore celle de la laiterie des Fauves Laineux en 2019. Deux affaires où suite à la détection de très faibles taux de Listeria dans leurs fromages, les producteurs artisanaux s’étaient vus contraints de détruire leur production. Mais au-delà de l’effet d’annonce, à y regarder de plus près, on est loin d’un véritable soutien à ces producteurs ».
La circulaire signée par le ministre Ducarme fait suite à une étude commanditée par l’AFSCA sur l’évolution de la bactérie Listeria dans les fromages au lait cru. Cette étude révèle que le risque de croissance de Listeria dans les fromages frais fermiers est faible si le pH est inférieur à 5. « Là où le bât blesse, c’est que la circulaire impose des contrôles systématiques de chaque lot de fromage produit. Si un auto-contrôle occasionnel est justifié et nécessaire pour garantir notre sécurité alimentaire, le rendre systématique à chaque lot produit revient à ajouter des contraintes démesurées, chronophages et coûteuses aux producteurs, alors que les fromagers ont d’autres moyens, moins contraignants, de mesurer l’acidification de leur fromage en cours de production » analyse Séverine de Laveleye.
Il semble par ailleurs qu’il n’y ait pas eu de concertation avec les petits producteurs avant publication de la circulaire : « C’est pourtant la raison d’être de la cellule petits producteurs de l’AFSCA ! Les acteurs de l’agriculture paysanne doivent être concertés et soutenus, pas enterrés sous les démarches administratives. » Ainsi, ce que l’AFSCA offre d’une main (une plus grande tolérance dans les seuils), elle le reprend de l’autre (contrôles renforcés). « Nous ne sommes manifestement pas encore dans une réelle politique de soutien aux acteurs de l’agriculture paysanne, alors que ce sont les acteurs de la résilience de notre système alimentaire » conclut Séverine de Laveleye.