Un an après l’annonce d'un accord de principe UE-Mercosur, les écologistes appellent le Gouvernement fédéral à dire non
Cela fait exactement un an (le 28 juin 2019) que la Commission européenne annonçait la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay). Il doit à présent être ratifié par le Parlement européen et les parlements des États-membres.
Après les appels des syndicats, d’associations d’agriculteurs et d’organisations environnementales, mais aussi après la motion votée à l’unanimité au Parlement de Wallonie en février dernier et la position du Groupe des Verts au Parlement européen, Ecolo-Groen appelle maintenant tous les partis à faire barrage à cet accord au parlement fédéral.
« L’accord UE-Mercosur prévoit des importations massives de viande bovine, de sucre, de miel et de produits laitiers, qui risquent d’inonder le marché européen. Pourquoi mettre en danger nos agriculteurs, eux-mêmes durement touchés par les conséquences de la pandémie et par la sécheresse, en faisant venir ces produits d’aussi loin que l’Amérique latine, alors qu’ils sont déjà produits en Europe ? C’est une absurdité pour le climat et l’environnement, mais aussi un risque de concurrence déloyale car les normes de production du modèle agro-industriel sont beaucoup plus laxistes là -bas (fourrage OGM, bien-être animal, antibiotiques) », analyse le député écologiste, Samuel Cogolati, co-signataire du texte avec Wouter De Vriendt (Groen).
« Des représentants des peuples indigènes d’Amazonie sont venus il y a quelques mois à la Chambre, à l’invitation des ONG, pour nous demander de stopper l’accord du Mercosur car il ne fera qu’aggraver la déforestation, avec toutes ses conséquences sur le climat, la biodiversité et les droits des peuples autochtones. Il est urgent d’entendre les appels de la société civile chez nous et en Amérique latine, et de dire non à ce projet d’accord !», ajoute Séverine de Laveleye, députée fédérale Ecolo/Groen.
« Malgré les voix qui s’élèvent partout en Europe et dans les pays du Mercosur pour dire STOP à l’accord et malgré la politique du Président Bolsonaro et de son ministre de l’environnement à l’opposé des objectifs climatiques et du Green deal censés être respectés dans tout nouvel accord commercial, la Commission européenne et la Présidence allemande de l’UE (au 1er juillet) s’obstinent à réaffirmer leur volonté de voir l’accord ratifié au plus vite », commente Saskia Bricmont, députée européenne Ecolo. « Une étude d’impact de l’accord du Mercosur réalisée à l’initiative des Verts au Parlement européen, montre notamment comment l’UE pourrait importer du miel argentin bourré de glyphosate, du poulet brésilien à la salmonelle ou du porc à la ractopamine et comment les pays du Mercosur ont sacrifié leur secteur industriel qui aura bien du mal à résister aux importations de voitures », ajoute-t-elle.
Les écologistes sont mobilisés à tous les niveaux – Saskia Bricmont au Parlement européen, Hélène Ryckmans au Parlement de Wallonie, Marie Lecocq à Bruxelles, Samuel Cogolati et Séverine de Laveleye à la Chambre – pour pousser les Gouvernements nationaux à refuser l’accord du Mercosur, sans normes contraignantes pour le respect des agriculteurs, de l’Amazonie, du climat et des droits humains.