Norme salariale : La loi de 1996 a démontré son obsolescence, le Gouvernement doit maintenant faire preuve de créativité
En ce premier mai, retrouvez le discours des Coprésidents sur : https://youtu.be/0feSi4EBjN0
Depuis plusieurs mois, les négociations pour un nouvel accord interprofessionnel restent à quai. Principale pierre d’achoppement : la limitation à 0,4 % pendant deux ans des augmentations de salaire, tous secteurs et toutes entreprises confondues.
Faute d’accord entre interlocuteurs sociaux, il revient maintenant au gouvernement de trancher la question salariale.
Pour Rajae Maouane, co-présidente des verts, « la position défendue par les écologistes en Gouvernement sera extrêmement claire : les travailleuses et les travailleurs qui ont fait tenir la société pendant la crise, et dont l’entreprise a prospéré durant celle-ci, doivent bénéficier d’une augmentation de salaire dépassant les 0,4 % ».
Son collègue Jean-Marc Nollet complète : « Le gouvernement devra faire preuve de créativité tant la loi de 1996 est devenue un lourd carcan, mais c’est faisable. De même il faut aussi avancer sur la revalorisation des salaires minimum ». L’accord intervenu entre les partenaires sociaux sur l’affectation de l’enveloppe bien-être (800 millions d’euros sur deux ans) indique la voie à suivre. Cet accord est un jalon important dans la lutte contre la pauvreté et dans la perspective d’augmenter les allocations sociales au seuil de pauvreté, tel que prévu dans la déclaration de politique générale du gouvernement fédéral.
« En ce sens, nous nous réjouissons que les discussions entre partenaires sociaux reprennent sur les autres aspects de l’accord », poursuivent les Coprésidents d’Ecolo. « Et nous insistons : un accord ambitieux est nécessaire pour renforcer les conditions de la paix sociale lors des deux prochaines années qui seront déterminantes pour le redéploiement et la transition de notre pays ».
Plus généralement, le blocage des négociations salariales montre une fois encore que la révision de la loi de 1996, adoptée en 2017 à l’initiative du gouvernement Michel, handicape gravement la concertation socialeempêche des augmentations salariales équitables dans les secteurs en bonne santé et entrave fortement la valorisation salariale de prestations exceptionnelles accomplies dans des situations de crise. « Il faudra revoir cette loi pour la « réparer » et pour la compléter. Il n’est pas cohérent de se focaliser à ce point sur les coûts salariaux comme seul facteur définissant notre prospérité. Il faut également prendre en compte d’autres facteurs tels que la formation, la maîtrise de la facture énergétique, l’innovation, l’investissement, la recherche, etc », annoncent les Coprésidents d’Ecolo pour qui,sous bien des aspects, « cette loi est devenue obsolète ».
Pour Rajae Maouane, ne chose est claire : « le gouvernement ne peut pas se limiter à être le notaire constatant des désaccords entre interlocuteurs sociaux. Il devra faire preuve de créativité». Dans le cadre de cette créativité à laquelle ils invitent le Gouvernement, les écologistes pointent plus particulièrement la « marge de sécurité » prévue à l’article 5 de la loi. Cette marge n’a aucune pertinence dans la situation de crise que nous traversons aujourd’hui. Pour Jean-Marc Nollet, « en affectant spécifiquement aux secteurs bénéficiaires cette marge de sécurité calculée globalement, il y a de quoi offrir aux travailleuses et travailleurs concernés une revalorisation qui aille bien au-delà de ce qui est actuellement proposé ».
Le 1er mai,journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs, est considéré comme la Fête du Travail. Mais aujourd’hui, c’est loin d’être le cas  pour toutes celles et ceux qui sont interdits d’exercer leur profession dans la culture, l’horeca et dans tous ces autres professions qualifiées injustement de « non essentielles ».
Les restrictions d’activités qui leur sont imposées ont un coût financier, économique et humain extrêmement grave, et ils font courir un risque majeur à long terme sur de très nombreux emplois. Nous devons nous adapter de manière telle que nous puissions mieux vivre avec (ou plutôt malgré) le virus. Les Coprésidents d’Ecolo plaident pour un changement de méthode : « nous devons passer de la gestion de crise à la gestion des risques. Il ne s’agit pas de déconfiner tous les secteurs aveuglément, mais pour chacun de ceux ci, prévoir et adapter des protocoles de sécurité pour leur permettre de travailler, tout simplement ».
Par ailleurs, les aides qui ont été apportées jusqu’à présent ne devront pas cesser avec la reprise progressive et encadrée de ces activités. « Il faudra du temps, beaucoup de temps, pour effacer les affres de cette crise. Les pouvoirs publics ont le devoir de ne laisser personne au bord du chemin. Les aides financières doivent donc se poursuivre au-delà du retour à une certaine normalité. Pour celles et ceux qui ont tout perdu, il faut apporter un soutien spécifique afin de leur permettre de se relancer au plus vite. Maintenant plus que jamais, sur les salaires comme sur les aides, les pouvoirs publics doivent se montrer à la hauteur de leurs responsabilités », concluent les Coprésidents d’Ecolo.