Victoire sur le décret Paysage : une solution pour inclure plutôt qu'exclure
Depuis le signal d’alarme d’établissements, d’académiques, d’associations, la question du risque de voir des milliers de jeunes exclu·es de l’enseignement supérieur dès le mois de septembre est au devant de la scène. Dans ce dossier, Ecolo a fait le choix de l’écoute des différents acteurs concernés et de la réflexion, avec une seule boussole : protéger les étudiants et les étudiantes d’exclusions injustes et obtenir une solution qui soit applicable par les établissements.
La réforme du décret Paysage initiée par la ministre Glatigny (MR) en 2021 avait pour but de corriger le décret organisant les études face à ses nombreux manquements. Elle avait pour objectif, selon l’accord de gouvernement d’“ajuster le parcours individualisé de l’étudiant afin de renforcer sa réussite, de réduire les contraintes administratives et d’éviter un allongement de la durée de ses études”. La modification du décret était demandée par l’ensemble des acteurs concernés, y compris les étudiant·es.
Force a été de constater que la réforme initiée par la ministre Glatigny et poursuivie par la ministre Bertieaux (MR) allait créer des situations d’injustice dans le parcours de beaucoup d’étudiant·es. Ecolo avait pour responsabilité politique de questionner la réforme, entendre les obstacles et y répondre. C’est ce que, au Gouvernement et au Parlement, nous avons fait en demandant déjà en 2021 une évaluation de la réforme et ses impacts au regard des risques émis sur la diminution du nombre d’année maximun en bachelier et la règle des deux années pour réussir ses crédits de bac 1.
Depuis le début, nous avons alerté la ministre sur les conséquences des règles trop strictes en ce qui concerne la finançabilité. Nous avons toujours soutenu que le curseur était beaucoup trop loin en termes de rigidité des parcours.
Dès les premiers échanges, nous avons demandé des chiffres sur le parcours des étudiant·es. En tant que décideurs politiques, la réalité de terrain doit jouer dans la prise de décisions et dans l’adaptation des règles. Les chiffres n’ont jamais été communiqués par la ministre Bertieaux.
Les cris d’alerte du terrain, via la représentation étudiante comme les établissements, poussaient à réévaluer les choses, ce que nous avons souhaité faire. Alors que le terrain comme ses partenaires ont alerté à maintes reprises sur les conséquences humaines pour des étudiant·es en réussite, le MR a choisi de s’obstiner à refuser une solution.
Ce dogmatisme, cet entêtement a fait perdre de longues heures et semaines à tous ceux et celles qui voulaient une solution et permettre aux étudiant·es, à leurs familles, et aux établissements de se préparer au mieux. Nous avons fait le choix inverse, celui de l’écoute, de l’empathie et de la capacité d’ajustement face à une vague d’exclusions.
Prendre en compte le contexte spécifique imposé à la “génération Covid”Modifier
Nombre d’études ont démontré que la pandémie de Covid avait exacerbé les inégalités notamment en matière d’éducation, comme l’a rappelé l’épidémiologiste Marius Gilbert. Forcer le passage d’une réforme avec des règles trop strictes sans mesurer ni écouter l’impact de ces dernières années sur les étudiant·es aurait été irresponsable et injuste.
La prise en compte des retards d’apprentissage dus à la pandémie ainsi que la nécessité d’amortir le choc de cette pandémie rendaient impensable le durcissement des règles sans adapter la réforme. Il était, en tout cas pour Ecolo, impensable de ne pas entendre les étudiant·es et faire comme si rien ne s’était passé.Â
Si les étudiant·es ont subi les conséquences de la pandémie sur leur parcours d’études (sans même parler de la précarité de certain·es étudiant·es moins favorisé·es), le politique ne peut pas changer les règles en cours de route sans protéger certains parcours. Ce serait une double faillite de la part des décideurs et une double peine pour les étudiant·es.
Entendre les remontées du terrain et la réalité des étudiant·esModifier
Nous avons souhaité corriger la réforme Glatigny pour éviter que des étudiant·es qui se trouvent dans un parcours de réussite ne soient exclu·es de l’enseignement supérieur dès le mois de septembre. Pour cela, il fallait agir maintenant et enrayer les effets pervers du décret. Notre action au Gouvernement comme au Parlement s’est toujours orientée vers une solution pour ces étudiant·es.
Il peut s’agir de la situation :
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d’une étudiante qui a tout réussi cette année et n’est plus finançable à cause de sa précédente inscription ;
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d’une autre qui ne peut se réorienter à la moitié de son parcours ;
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ou encore d’un étudiant qui n’a plus que son mémoire à présenter mais est devenu non-finançable à cause d’un retard pris suite à un problème d’apprentissage en Erasmus et des difficultés familiales.
Tous ces parcours nous ont poussé à corriger la réforme, et protéger les étudiant·es d’une réforme injuste et trop rigide.Â
Protéger ces étudiant·es qui sont sur une trajectoire de réussite ne nous empêche pas de préserver les éléments positifs de la réforme. Il faut un correctif ciblé, sans délai. A l’avenir, nous voulons qu’il existe des règles claires, justes et lisibles pour les parcours étudiants. Lutter, aussi contre l’allongement des études et pour les dispositifs de soutien à la réussite.
Mener une réforme plus large du paysage de notre enseignement ne pourra se faire qu’en se concertant avec le secteur. Établissements, académiques, personnel administratif, étudiant·es doivent être respectés et entendus. Avec l’ensemble de ces acteurs, nous lancerons la réflexion pour une réforme qui ait du sens, soit basée sur des chiffres objectivés.