8. Aménager des territoires plus verts, plus résilients et plus accueillants

Retour au chapitre Une société plus verte

8.1. Adopter le « stop béton » pour en finir avec la bétonisation à outrance.

Tant pour protéger notre environnement que pour nous adapter aux défis climatiques déjà bien présents, nous devons penser différemment notre relation au territoire et, notamment nous aligner sur l’horizon « stop béton » qui mettra dès maintenant fin à la bétonisation à outrance. Il s’agit également de revoir nos pratiques d’aménagement et de construction afin d’y inclure en bonne place l’environnement. C’est bon pour la santé (meilleure qualité de l’air, moins d’îlots de chaleur, accès à la nature), pour l’environnement (moins de pollution et d’émission de gaz à effets de serre), pour la biodiversité, pour l’alimentation locale (davantage de terres disponibles à l’agriculture) et l’adaptation aux dérèglements climatiques (plus de surfaces perméables et moins de ruissellement).

Il faut absolument privilégier la réutilisation des terres déjà artificialisées (friches industrielles, friches commerciales, sites à réhabiliter, …) pour le développement des zones d’activité économique et y consacrer les moyens à la hauteur des besoins. Nous protégerons nos surfaces agricoles en interdisant la création de parcs d’activité économique importants dans les zones agricoles et y en limitant les extensions. Nous protégerons de la sorte les surfaces agricoles existantes.

Limiter l’urbanisation signifie aussi améliorer la qualité et l’attractivité des centralités pour favoriser la vie de proximité (voir infra). En Wallonie, il s’agira de guider et d’assurer la réalisation de l’objectif du Schéma de développement territorial (SDT) prévoyant l’installation de la majorité des nouveaux logements dans les centralités. La densification douce au sein de ces centralités devra se faire en travaillant à partir de l’existant, en favorisant les rénovations, en mettant en valeur le patrimoine bâti et naturel ; et ce, afin d’accueillir qualitativement de nouveaux habitants et habitantes. Densifier les centralités permet simultanément de dynamiser la vie de proximité : services publics, évènements et équipements locaux, commerces, transports publics…

8.2. Promouvoir la ville à 10 minutes et la vie de proximité, en rapprochant les services d’intérêt public dans les quartiers, en mutualisant certains lieux et en créant les infrastructures qui permettent de soutenir les circuits courts.

Nous voulons limiter la demande en longs déplacements et prioriser les modes de déplacement actifs, bons pour la santé et pour l’environnement. Pour cela, nous voulons permettre d’avoir accès, dans les quartiers en ville comme dans les centres villageois, à toute une série de services. Cela nécessite de rapprocher certains services (distributeurs de billet, à titre illustratif) dans les quartiers, de mutualiser certains lieux (la gare devient aussi une épicerie, par exemple), de créer les infrastructures et équipements qui permettent de soutenir les circuits courts et cette vie de proximité (l’école des devoirs jouxte l’académie et l’école ouvre sa salle de sport au voisinage). Nous voulons une vie de proximité dynamique et accueillante. Il est également judicieux de recentrer le développement des nouveaux logements, afin de favoriser les dynamiques de proximité. Nous prêterons attention à localiser les logements au bon endroit, et plus encore les logements publics.

Cela nécessite également d’apaiser et de sécuriser l’espace public pour tout le monde, de le rendre agréable afin que chacun et chacune ait envie de s’y balader et s’y rencontrer. Le cadre de vie général en sortira amélioré.

Nous prêterons également attention aux quartiers de gare afin d’en faire des lieux de vie agréables et dynamiques qui renforceront aussi directement l’attractivité pour le train.

Pour cela, il sera nécessaire de mettre en œuvre qualitativement la localisation préférentielle des logements au sein des centralités, comme le fixe le Schéma de développement territorial (SDT) wallon adopté récemment. Plus d’habitant·es dans les cœurs de village et en ville signifie des services et transports publics plus efficaces, des commerces plus vivants, des équipements publics plus dynamiques et de meilleures opportunités de rencontres. Dans cette optique, nous porterons aussi particulièrement d’attention à localiser les logements publics aux bons endroits.

8.3. Rééquilibrer les voies publiques au bénéfice des piéton·nes, du vélo et des transports en commun et se donner un horizon de maximum 50 %de l’emprise des voies publiques consacrées aux voitures.

La qualité et l’utilisation de l’espace public sont primordiales. Profiter d’espaces publics apaisés, agréables, confortables et sûrs implique de réduire la place de la voiture individuelle au bénéfice des piéton·nes, des vélos et des transports en commun. Les pollutions atmosphérique, sonore et visuelle de l’espace public contribuent aux sentiments d’inconfort, d’insécurité et déforcent la fonction de séjour de l’espace public. Il est nécessaire de développer une réaffectation de la voie publique à d’autres fonctions et à d’autres usages que celui de la voiture individuelle, via notamment une politique de stationnement volontariste et l’application du principe STOP qui hiérarchise les modes de déplacement en donnant la priorité aux piéton·nes, aux vélos et aux transports en commun. L’horizon doit être de maximum 50 %de l’emprise des voies publiques consacrées aux voitures.

8.4. Multiplier les rues scolaires, rendre les espaces publics accueillants pour chacun·e et féminiser les noms de rue.

L’espace public constitue le support de notre mobilité mais aussi des opportunités de rencontres et d’échanges. Il reflète également le regard que nous portons sur notre patrimoine culturel et les normes sociétales. Nous voulons des espaces publics au sein desquels chacun et chacune se sente bien, en sécurité, pouvant prendre sa juste place. Nous voulons également des espaces « enfants et jeunes bienvenu·es » avec des jeux, des skate parcs, des fontaines mais aussi des espaces « aîné·es bienvenu·es » avec des bancs et des arbres pour offrir des espaces de repos ombragés, et une mixité entre ces dynamiques. Nous soutiendrons également la mise en place de rues scolaires supplémentaires.

Nous visons une prise en compte des besoins de publics minorisés et leur reconnaissance : les personnes âgées, les femmes, les personnes en situation de handicap, les minorités de genre, les personnes racisées, les enfants. Pour cela, nous continuerons à interroger notre patrimoine et nos pratiques d’aménagement. Les rues et les espaces publics nouveaux prendront en priorité le nom de femmes afin de tendre vers un équilibre de genre dans la dénomination de nos rues et avenues.

Nous multiplierons également les marches exploratoires avec différents points d’attention (accessibilité, sentiment de sécurité, etc.). Nous nous appuierons également sur l’expertise des associations et praticiennes à l’entame des projets. Nous pousserons également la sensibilisation des acteurs et actrices de l’aménagement et de la construction afin de faire évoluer les pratiques.

Enfin, nous voulons faciliter l’accès public à des sanitaires gratuits et à l’eau potable. Pour cela, nous établirons un cadastre et travaillerons avec les communes et les commerçant·es à un « réseau toilettes accueillantes ».

8.5. Adapter nos territoires aux dérèglements climatiques, notamment en se basant sur les principes des solutions fondées sur la nature et en travaillant sur base des bassins versants au-delà des limites administratives.

Nous avons connu des inondations dramatiques. Nous subissons des étés très chauds et de longues périodes de sécheresse. Nous faisons face à davantage d’incendies. Nous devons prévenir autant que possible ces épisodes extrêmes et également pouvoir y faire face.

Pour cela, nous nous baserons prioritairement sur les principes des solutions fondées par la nature. Cette dernière offre, si on lui en donne les moyens, des réponses simples et efficaces. Cela nécessite que l’on pense le territoire aussi en dehors de ses limites administratives. Les bassins versants constituent par exemple, à ce titre, des périmètres de référence. Cela permet de travailler au remembrement de nos cours d’eau, de considérer nos fonds de vallée comme des espaces à préserver, et de prévoir les mesures adéquates dans les zones inondables. Parallèlement, cela signifie aussi repenser la manière de cultiver (plantation des haies, repos des terres, etc), d’adapter et de préserver nos terres agricoles en conséquence. Dans le même esprit, nous penserons à développer et protéger nos forêts pour les rendre résilientes par exemple en diversifiant les espèces au sein des forêts et en augmentant le nombre d’arbres feuillus.

8.6. Adopter un PRAS climatique en Région bruxelloise afin de rendre nos territoires davantage résilients face aux dérèglements climatiques.

En Région bruxelloise, nous voulons élaborer un « PRAS climatique ». Le plan régional d’affectation du sol (PRAS) détermine où doivent idéalement être situées les différentes activités sur le territoire, comment elles peuvent se combiner ou non, ainsi que ce qui est possible de faire, construire ou non selon les périmètres déterminés. Il s’agit d’un instrument légal puissant. Si en 2013 la Région Bruxelles-Capitale (RBC) a adapté son PRAS afin de répondre à la croissance démographique (PRAS dit « démographique »), il est temps de réponde à l’urgence climatique et d’adapter notre législation pour rendre nos territoires résilients face aux dérèglements climatiques. Cela passe par sécuriser juridiquement nos espaces verts et zones naturelles. Le PRAS « climatique » sera ainsi (re)pensé pour assurer un meilleur équilibre entre la nature et les activités humaines sur tout le territoire bruxellois.

8.7. Généraliser la gestion intégrée de l’eau de pluie (GIEP).

Permettre l’infiltration de l’eau de pluie là où elle tombe est positif à plusieurs égards. En cas de fortes pluies, on évite de saturer nos égouts. Cela permet également d’améliorer l’efficacité du nettoyage des eaux usées (en effet, le traitement des eaux usées est meilleur si celles-ci n’ont pas été diluées dans l’eau de pluie). L’infiltration de l’eau dans le sol protège également davantage contre les inondations et les sécheresses. Nos sols plus régulièrement arrosés permettent une meilleure infiltration et limitent les phénomènes de ruissellement pouvant provoquer des coulées de boues. L’eau de pluie infiltrée alimente également nos nappes phréatiques et augmente ainsi nos réserves d’eau, limitant ainsi les risques de sécheresse.

Pour toutes ces raisons, nous proposons de systématiser la GIEP tant dans l’espace public, où cette dimension sera intégrée lors des réaménagements de voies et de places publiques, que dans l’espace privé, en imposant le système pour les nouvelles constructions et/ou les rénovations lourdes.

8.8. Végétaliser massivement nos espaces publics et offrir un accès facile à la nature, en déployant la stratégie « 300-30-3 » tout en protégeant réglementairement un maillage vert, bleu et noir étoilé.

Avoir un accès direct à la nature, c’est bon pour la santé et pour la planète. Nous nous fixons des objectifs ambitieux en la matière. Chaque habitant·e devra avoir accès à un espace vert à moins de 300 m. 30 %de chaque quartier devra être couvert de feuillage. Chaque personne devra avoir une vue sur 3 arbres (triptyque des 300-30-3).

Pour assurer notre résilience face aux dérèglements climatiques et améliorer notre qualité de vie, nous voulons donc végétaliser massivement les rues et l’espace public. Nous le ferons intelligemment afin de cibler la bonne solution au bon endroit. Nous nous appuierons sur des outils, tels que le coefficient de biotope par surface (CBS), pour assurer l’harmonie entre la faune, la flore et le contexte d’implantation.

En outre, la mise en réseau est essentielle pour le développement et la préservation de notre environnement. Ce maillage vert et bleu sera protégé réglementairement. Un maillage « noir étoilé » sera également mis en place afin de limiter les dégâts de l’éclairage artificiel sur la faune et la flore nocturnes. Nous voulons enfin travailler à toutes les échelles afin de connecter les espaces de pleine terre (de la parcelle, aux réseaux écologiques régionaux, en passant par les bassins versants et les collaborations inter-régionales).

8.9. Réhabiliter 100 km de sentiers par an en Wallonie.

Marcher est excellent pour la santé à tout âge. Cela améliore la condition physique et réduit le stress. Dans certaines circonstances, la marche offre aussi un moment convivial d’échange et/ou un bain de nature. Les petites voiries sont à ce titre un patrimoine important à protéger et à réhabiliter. Ecolo veut améliorer l’aménagement (bancs, rampes, caillebotis dans les zones propices à la rétention d’eau, etc.), l’entretien et le balisage des sentiers publics qui sont parfois accaparés (« privatisés ») ou abandonnés faute d’aménagement, d’une bonne signalétique harmonisée ou d’entretien. Nous dégagerons en ce sens les moyens nécessaires pour réhabiliter (réouverture, signalétique, entretien, etc) 100 km de sentiers par an en Wallonie. Dans des zones où le réseau de sentiers n’est pas suffisant notamment pour permettre l’interconnexion entre les villages et les quartiers mais aussi au sein de quartiers existants ou en construction, nous proposons d’encourager la création de nouveaux sentiers en concertation avec les propriétaires concerné·es. Notre attention pour les sentiers participe pleinement de notre projet de rendre nos milieux naturels comme la forêt plus accessibles et d’encourager la mobilité active. Cela passe notamment par l’harmonisation de la signalétique, l’actualisation de l’Atlas des chemins vicinaux et la clarification de qui est responsable de leur entretien, un meilleur outillage des communes et des citoyen·nes dans la protection de la voirie vicinale, une évaluation de la législation actuelle (décret de 2014) et une politique proactive au niveau régional pour protéger, et le cas échéant, créer de nouveaux sentiers accessibles aux piéton·nes, cyclistes et personnes à cheval tout en respectant les rythmes biologiques de la faune et de la flore. Cette politique régionale comprendrait l’octroi d’aides aux communes pour la réhabilitation de leurs sentiers, activité génératrice d’emplois localisés.

8.10. Préserver et restaurer les espaces naturels, notamment sur les chancres et friches industrielles, et promouvoir l’urbanisme circulaire, en privilégiant systématiquement la rénovation à la démolition et en accompagnant le secteur de la construction en ce sens.

Nous devons éviter de construire sur des terrains naturels. Nous voulons réaménager en priorité les chancres et les espaces délaissés bien situés afin de leur offrir une nouvelle vie. En Wallonie, de nombreuses friches industrielles peuvent faire l’objet de projets d’aménagement qualitatif capable de faire rayonner leurs alentours. Dès que possible nous envisagerons une « sortie de friche » : réhabilitation, préservation, intégration au sein des infrastructures vertes, production de biomasse, etc.

Utiliser l’existant signifie aussi laisser plus de place aux champs, aux parcs, aux forêts, aux zones humides, etc.

De plus, en Wallonie, il s’agira d’ici 2030 de restaurer 30 %des zones humides se trouvant dans un état de conservation défavorable.

A l’image de l’économie circulaire, nous voulons aménager nos villes et campagnes de manière à limiter le gaspillage des ressources. La meilleure énergie, c’est celle non consommée. Le déchet le moins polluant, c’est celui qui n’existe pas. Ainsi nous travaillerons à partir de l’existant, ce qui est déjà là. Nous voulons intensifier les usages des infrastructures (le parking d’un commerce devient accessible aux voisinage en soirée, la salle de sports de l’école aux clubs de la commune, la gare accueille un marché et une bibliothèque itinérante, etc.). Et si le bâtiment existant ne permet plus de répondre aux besoins présents, nous voulons le transformer et/ou le rénover plutôt que le démolir.

Afin de réussir cette transition vers plus de circularité, nous accompagnerons le secteur de la construction, nous adapterons les cadres urbanistiques en conséquence et nous nous fixerons une feuille de route. En Wallonie, en 2030, 50 %des bâtiments résidentiels seront issus du recyclage (transformation de l’existant et construction sur terrains artificialisés) et 100 %en 2050. À Bruxelles, 95 %des permis d’urbanisme pour les bâtiments résidentiels devront être issus de rénovation-transformation d’ici 2030, et 100 %d’ici 2040.

8.11. Conditionner la vente de foncier public et imposer son utilisation pour des projets collectifs.

Les pouvoirs publics disposent encore de réserves foncières. Trop souvent, le foncier et le bâti constituent une variable d’ajustement budgétaire. Or, de la sorte, l’autorité publique se prive d’un outil pérenne pour promouvoir des projets d’intérêt collectif (logements publics, équipements, espaces verts, recyparks, espaces de gestion et de valorisation des déchets-ressources, ateliers d’artistes, etc.). Nous souhaitons que les pouvoirs publics gardent autant que possible la maîtrise et la propriété de leur foncier afin de garantir l’intérêt collectif dans son utilisation et notamment aux terres agricoles leur fonction nourricière. À cette fin, nous privilégierons les opérations entre pouvoirs publics. Dans les transactions avec le privé, le démembrement entre la propriété du foncier et du bâti peut constituer un levier juridique utile, autant que le droit d’emphytéose.

Nous mobiliserons les terrains et bâtiments appartenant à des pouvoirs publics ou associés (régies fédérales, régionales, communales, SNCB, CPAS, etc.), souvent bien situés, afin d’y développer les espaces verts, logements et équipements publics nécessaires.

En outre, la philosophie des communs (auto-gestion par la communauté de biens et ressources dont l’usage est partagé) peut également trouver à s’appliquer sur du foncier public (occupation temporaire, maraîchage, community land trust, etc.).

8.12. Garantir la qualité des bâtiments, des infrastructures et des espaces publics pour améliorer le cadre de vie en systématisant les processus qui assurent la qualité fonctionnelle, sociale, environnementale, économique et esthétique des projets publics.

La qualité du cadre de vie passe également par la qualité architecturale des bâtiments, la mise en valeur des paysages, et de notre environnement. En matière d’architecture, de paysage et d’urbanisme, nous systématiserons le recours à des processus garantissant la qualité fonctionnelle, sociale, environnementale, économique et esthétique des projets publics.

En nous appuyant sur l’expertise de l’équipe du Bouwmeester Maître architecte en Région bruxelloise et de la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous diffuserons la culture des marchés d’architecture, permettant de sélectionner les architectes sur base de leur projet. Nous étendrons cette expertise aux marchés d’urbanisme et de paysage, et renforcerons alors les équipes pluridisciplinaires du Bouwmeester et de la Cellule architecture en y intégrant notamment des écologues. Nous veillerons à la création d’une fonction de Maître·sse architecte en Région wallonne.

8.13. Doter les pouvoirs publics d’outils et de leviers opérationnels pour rendre nos territoires plus verts, plus résilients et plus accueillants.

Les propositions que nous portons en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme sont ambitieuses : « stop béton », ville à dix minutes, convivialité de l’espace public, adaptation de nos territoires aux dérèglements climatiques, végétalisations massives, urbanisme circulaire, participation accrue, etc. Nous envisageons une réelle transition de nos territoires, concertée et co-construite. Afin d’y parvenir, nous développerons les outils d’urbanisme existants et renforcerons la capacité des pouvoirs publics à ancrer leur action dans « l’urbanisme de projet ».

Nous organiserons des agences de développement et d’urbanisme à l’échelle des bassins de vie ou à l’échelle pluricommunale la plus pertinente pour gérer la problématique (sous-bassins versants pour les inondations par exemple). Ces agences mettront leur expertise au service de l’ensemble des actrices et acteurs locaux concernés, porteront les études territoriales et mettront en œuvre les projets fonciers et immobiliers dans une approche solidaire et équilibrée du projet qui réunit différentes communes. De tel·les actrices et acteurs pourront être garants de la concertation, de la participation, de la transversalité et de la gouvernance des projets territoriaux.

Par ailleurs, et à une tout autre échelle, nous développerons les outils de rénovation urbaine et de développement rural, qui permettent de mener des actions combinées (espaces publics, services publics, logements, etc.) dans des territoires ciblés, tout en impliquant la participation citoyenne. Ces outils d’urbanisme opérationnel ont fait leurs preuves à Bruxelles (avec les contrats de quartier notamment) et en Wallonie (avec les plans communaux de développement rural) et méritent d’être amplifiés.

8.14. Prendre en compte la biodiversité et les services éco-systémiques dans les projets de construction et d’aménagement.

Avant la réalisation de tout nouveau projet, il est important d’évaluer la qualité du sol au regard de ses services éco-systémiques rendus. Des indicateurs permettant d’en rendre compte seront utilisés (comme l’indice de qualité des sols bruxellois (IQSB), un inventaire de la biodiversité et des milieux existants). Cette analyse permettra de définir l’utilisation la plus appropriée de cette surface ou ce périmètre.

Nous ferons particulièrement attention à préserver les terrains agricoles (de fait comme de droit) nécessaires à une alimentation de qualité et de proximité.

Nous voulons également promouvoir un bâti accueillant pour la faune et la flore. Cela se traduira, par exemple, par l’encouragement à la végétalisation des toitures et façades, et à l’installation de nichoirs et abris sur les bâtiments.

Enfin, nous avons conscience des dégâts de l’éclairage artificiel sur la faune et la flore nocturnes. En vue de protéger leurs écosystèmes nous multiplierons les zones « noires étoilées ».

8.15. Favoriser la durabilité des bâtiments et du secteur de la construction, notamment en favorisant la réutilisation, la transformation, le recyclage et le réemploi, tout en diminuant la TVA sur les travaux de rénovation et les matériaux biosourcés.

Le secteur de la construction est un des principaux émetteurs de CO² et est responsable d’un tiers des déchets au niveau européen. Le meilleur déchet étant celui qui n’existe pas. Dans une logique de sobriété et de circularité, nous privilégierons autant que possible la réutilisation et la transformation de l’existant. Nous voulons adapter les bâtiments existants, les rénover et favoriser la modularité des bâtiments dès leur conception. Nous souhaitons encourager également le réemploi des matériaux et la circularité. Ainsi, nous généraliserons les outils permettant de mesurer et augmenter la durabilité des projets de construction. Nous voulons organiser l’identification des matériaux grâce à une carte d’identité du bâtiment, et favoriser le réemploi autant que possible, sur place ou à proximité des chantiers. Pour cela, nous fixerons des seuils minimaux de réemploi, en commençant par les projets publics et ceux de grande ampleur. Enfin, nous soutiendrons les filières du réemploi et du recyclage sur le territoire (espaces de tri, de stockage et de transformation). Afin de soutenir ces pratiques vers la transition, nous favoriserons les travaux de rénovation et nous diminuerons la TVA sur les matériaux écologiques biosourcés, réutilisés et recyclés.

8.16. Faciliter l’occupation temporaire de bâtiments, notamment pour du logement de transit, des projets artistiques et culturels, etc.

L’occupation temporaire permet d’optimiser l’usage du bâti. Elle offre des réponses flexibles et plus rapides à certains besoins (logements de transit, ateliers, projets artistiques, marchés, etc.). Nous souhaitons faciliter l’usage de ces lieux temporairement vides et les orienter vers celles et ceux qui en ont le plus besoin. Pour cela, nous multiplierons les dispositifs existants, tels que le bail d’occupation précaire ainsi que le bail glissant.

Nous voulons également revoir la loi anti-squat en vue de distinguer le « squat social » des pratiques mafieuses et des marchand·es de sommeil.

8.17. Rendre la participation et la concertation en matière d’aménagement du territoire accessibles à toutes et tous en y investissant le temps, l’énergie et les moyens nécessaires.

Nous voulons mettre le temps, l’énergie et les moyens pour que les informations et les processus participatifs intègrent les personnes plus éloignées de la chose publique. Nous voulons, par exemple, impliquer les habitant·es dans l’élaboration de diagnostics ‘sensibles’ de leur territoire (via des marches exploratoires, par exemple) afin d’améliorer les projets et programmes d’aménagement et de rénovation.

Nous voulons également travailler le plus en amont possible afin de favoriser la co-construction des projets. Pour cela, nous voulons rendre les réunions d’informations obligatoires à l’entame d’un nouveau projet (en commençant par ceux d’une ampleur importante).

En ce qui concerne la concertation, nous voulons améliorer la publicité et le fonctionnement des enquêtes publiques en les ramenant en amont des processus de conception de projets, au moment où toutes les options sont encore ouvertes.

Enfin, nous souhaitons stimuler le débat public sur les questions d’environnement, d’aménagement et d’urbanisme. Nous voulons créer, petit à petit, un intérêt du grand public. Nous soutiendrons les initiatives allant dans ce sens, portées par les mondes privés et publics, le monde académique et associatif. Nous voulons poursuivre également le soutien aux associations spécialisées qui décryptent et vulgarisent les enjeux.

8.18. Permettre à un groupe de citoyen·nes de proposer des modifications du plan de secteur afin de protéger les zones naturelles et espaces verts.

En Région wallonne, nous élargirons la possibilité de modifier le plan de secteur à partir de propositions citoyennes afin de protéger certaines zones de l’urbanisation. En effet, actuellement, le Code de développement territorial (CoDT) prévoit que des personnes physiques, ou morales, privées ou publiques peuvent adresser au Gouvernement une demande de modification partielle du plan de secteur en vue d’y inscrire une zone destinée à l’urbanisation. À l’inverse, il n’est pas prévu de pouvoir modifier le plan de secteur pour y inscrire une zone naturelle ou d’espaces verts en lieu et place d’une zone destinée à l’urbanisation. Les demandes de citoyennes et citoyens pour protéger l’environnement existent et doivent pouvoir être entendues. Elles pourront l’être grâce à ce que nous proposons de mettre en œuvre.