1. Une planète habitable pour les générations actuelles et futures
Les scientifiques sont unanimes : le dérèglement climatique est une réalité et ses effets se font déjà sentir à travers le monde. Canicules, sécheresses, inondations, incendies… ces événements climatiques extrêmes se multiplient et deviennent de plus en plus intenses.
La biodiversité s’effondre à un rythme alarmant, des espèces disparaissent à un rythme effréné, menaçant notre sécurité alimentaire et l’équilibre de notre environnement. Face à cette urgence climatique et au dépassement des limites planétaires, l’inaction n’est plus une option.
Il est encore temps de limiter les dégâts et de construire un avenir plus durable pour les générations futures. Ecolo est le parti qui choisit d’agir. Pour préserver notre planète et protéger notre santé. Pour réduire les risques liés à la pollution de l’air, améliorer la qualité de nos aliments et améliorer notre qualité de vie.
Pour construire un avenir plus juste, car le dérèglement climatique affecte de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables qui en sont aussi les moins responsables. A l’inverse, les solutions que nous proposons sont source de plus de justice sociale.
Ecolo choisit le scénario de l’espoir. Si nous agissons maintenant, nous pouvons construire un avenir qui soit plus durable et plus juste.
1.1. Préserver l’habitabilité de la planète et de nos territoires en concrétisant les mesures des plans Énergie-Climat et celles des futurs plans de restauration de la nature.
Nous voulons une Terre habitable pour les générations actuelles et à venir. Au-delà des luttes contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, il est indispensable de respecter les équilibres et les limites de nos écosystèmes comme le cycle de l’azote et du phosphore ou le cycle de l’eau et d’éviter les perturbations telle que l’acidification des océans. Nous devons appliquer strictement le principe « Do no significant harm » qui impose aux acteurs et actrices économiques de ne causer aucun préjudice significatif aux objectifs environnementaux. Nous mettrons en œuvre les mesures reprises dans les Plans Énergie-Climat qui concrétisent nos objectifs de diminution des gaz à effet de serre et prévoirons un suivi annuel des trajectoires d’émissions sectorielles (en prenant des mesures correctrices si nécessaires pour garantir l’atteinte des objectifs). Nous ferons de même pour les futurs plans de restauration de la nature. Chaque entité politique de notre pays et chaque secteur de notre économie contribuera justement à l’effort requis pour répondre à ces défis environnementaux. Chacun·e se munira d’une comptabilité carbone et d’une analyse d’empreinte écologique. A l’instar de l’avis de l’Inspection des Finances, chaque projet des gouvernements sera analysé par une Inspection Climat-Nature, créée afin d’intégrer la préoccupation du respect des limites de la Planète au cœur de la décision publique.
1.2. Limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C et atteindre la neutralité climatique en 2050 en s’attaquant prioritairement à l’usage des combustibles fossiles, à la déforestation et à l’agriculture intensive et chimique.
Les catastrophes sont de moins en moins naturelles et de plus en plus souvent climatiques, c’est-à-dire liées aux conséquences du dérèglement climatique telles que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations ou les tempêtes qui font de nombreuses victimes et coûtent plusieurs dizaines de milliards par an. À chaque dixième de degré de réchauffement, la probabilité augmente plus que proportionnellement que surviennent des événements extrêmes et que des régions du monde deviennent non-habitables. Les dérèglements climatiques augmentent également les risques sanitaires, les pénuries alimentaires et les migrations forcées. Afin de maintenir la viabilité sur Terre et nous prémunir de ces catastrophes, il est primordial d’atténuer les dérèglements climatiques et de s’attaquer à leurs causes principales : l’usage des combustibles fossiles, suivi de la déforestation et de l’agriculture intensive. Nous nous inscrivons pleinement dans l’Accord de Paris qui prévoit de « maintenir l’augmentation moyenne des températures bien en dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels ».
Garder les températures bien en dessous de 2°C nécessitera la mise en place de mesures ambitieuses en Belgique, en Europe et dans le monde. Toutes les solutions sont à notre disposition, nous voulons organiser leur mise en place rapide pour atteindre nos objectifs climatiques. En Belgique, notre priorité sera de mettre en œuvre les mesures des plans énergie-climat qui ont été adoptés dans une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050 en passant par un objectif de -55 %en 2030.
Au niveau européen, nous veillerons à la concrétisation du Green Deal et à l’atteinte de la réduction de gaz à effet de serre de 55 %d’ici à 2030, toujours dans une perspective de neutralité carbone à l’horizon 2050 tel que prévu par la loi Climat Européenne. Nous pousserons également pour une réforme plus ambitieuse du marché d’échange de quotas d’émissions de CO2 (ETS) en exigeant une réduction beaucoup plus drastique de l’excédent de quotas, ainsi qu’une suppression nettement plus rapide des quotas gratuits pour tous les secteurs.
Nous veillerons également à réduire les émissions importées au travers de chaînes d’approvisionnement plus durables, du soutien aux comportements durables et à la bonne mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.
1.3. Adopter les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de l’accord de Montréal (COP15 pour la biodiversité) : protéger 30 %de notre territoire d’ici à 2030.
La Belgique, aux côtés de 195 autres pays, a signé l’accord de Montréal qui prévoit la protection de 30 %de la planète d’ici à 2030. C’est une nécessité face à l’extinction rapide et massive des espèces sur Terre et à la dégradation de notre environnement (75 %des milieux terrestres sont aujourd’hui fortement dégradés). Nous nous inscrivons entièrement dans les objectifs de l’accord :
- Protéger 30 %de l’ensemble de nos territoires d’ici 2030, dont 10 %seront placés sous statut de réserve naturelle ;
- Restaurer 30 %des écosystèmes ;
- Réduire l’usage et l’impact des pesticides ;
- Augmenter les financements en faveur de la protection du vivant ;
- Limiter les aides publiques aux activités économiques à impact néfaste sur la biodiversité.
Il est prioritaire que les gouvernements mettent en œuvre cet accord en augmentant sur notre territoire les zones protégées et en réduisant les pollutions. De nombreuses mesures sont développées dans les différents chapitres du programme pour atteindre cet objectif.
1.4. Inscrire dans la Constitution le respect des limites planétaires qui permettent la vie sur terre, en y évoquant notamment la lutte contre le dérèglement climatique et contre l’extinction de la biodiversité.
Nous adapterons l’article 7bis de la Constitution pour y inscrire explicitement l’objectif de maintenir l’habitabilité de la planète et la nécessité d’une transition juste qui tienne compte des limites planétaires, et notamment du besoin de lutter contre le dérèglement climatique et l’extinction de la biodiversité. Ainsi, la plus haute norme juridique belge intégrera l’importance d’offrir un futur viable aux générations présentes et futures.
Cette modification permettra l’adoption d’objectifs contraignants de long terme qui s’imposeront pour le Fédéral, les Régions et toutes autres entités. Ces entités seront par conséquent dans l’obligation – opposable en justice – de mettre en œuvre, dans le cadre de leurs compétences, les mesures qui garantissent une transition durable et juste. La Belgique sera alors dotée d’un système de fédéralisme coopératif efficace, à la hauteur des défis environnementaux, et qui offrira enfin de la prévisibilité et de la stabilité (avec garantie de standstill) aux citoyen·nes et aux entreprises.
1.5. Adopter une loi Climat-Biodiversité qui ancre dans le droit belge nos engagements climatiques et de biodiversité et permette d’éviter la paralysie entre les différentes entités de notre pays.
La Belgique a souscrit au niveau international à des objectifs ambitieux. L’enjeu de la prochaine législature est de garder le cap et de concrétiser ces engagements forts. Cela passe par l’adoption d’une loi « climat-biodiversité » qui ancre, en droit belge, nos engagements internationaux. Cette loi reprendra les objectifs à atteindre de manière à contraindre la Belgique et ses entités à agir à hauteur des engagements. Le risque existe que nos engagements ne soient pas tenus, faute de contraintes suffisamment fortes pesant sur l’agenda politique au cours de la prochaine législature. Cette loi prévoira également des mécanismes permettant d’éviter les blocages entre les différentes entités du pays afin d’éviter toute paralysie ou retard dans la mise en œuvre des objectifs ainsi que des mécanismes de transparence permettant aux citoyen·nes de savoir si les politiques actuelles permettent ou non d’atteindre les objectifs fixés.
1.6. Faire analyser chaque projet des gouvernements par une Inspection Climat-Nature, instance créée afin d’intégrer la préoccupation des limites planétaires au cœur de la décision publique, à l’instar de ce que fait l’Inspection des finances par rapport aux limites budgétaires.
Un Haut Conseil Stratégique a été créé entre 2019 et 2024 en Région wallonne pour intégrer la préoccupation des générations futures au cœur de la décision publique. C’est un premier pas. Nous voulons aller plus loin en créant une Inspection Climat-Nature auprès des différents gouvernements du pays afin de prendre en compte les enjeux climatiques et écologiques de façon systémique dans les processus gouvernementaux et décisions ministérielles. Ainsi, tout projet de décision stratégique devra être analysé, préalablement à la réunion des gouvernements, par cette nouvelle Inspection Climat-Nature, qui examinera son impact au regard des objectifs climatiques et écologiques. Elle remettra son avis au gouvernement, à l’instar de celui remis par l’Inspection des Finances sur le plan du budget et des finances publiques.
1.7. Développer une politique d’adaptation, complémentaire aux politiques d’atténuation, qui nous protège au mieux des conséquences des fortes pluies, des canicules, des sécheresses, des tempêtes, des inondations et des coulées de boue.
Les effets du dérèglement climatique se font déjà fortement ressentir de manière dramatique dans toute la Belgique et dans le monde comme l’ont montré les terribles inondations de juillet 2021. En Belgique, nous allons être davantage confronté·es à des pluies intenses et donc à des risques plus élevés de coulées de boue, d’inondations ainsi qu’à des problèmes de recharge de nappes phréatiques (lors de pluies très fortes, les nappes se rechargent moins bien). Il est nécessaire de nous adapter pour faire face à ces aléas climatiques inévitables et ainsi réduire leurs conséquences sociales et économiques.
Pour y parvenir, nous devons en priorité permettre à l’eau de s’infiltrer dans les sols en évitant les phénomènes de ruissellement (tout en tenant compte du fait que les eaux de ruissellement sont parfois fortement polluées).
Nous devons mettre fin à l’artificialisation des sols, appliquer le principe du « stop béton » et préserver des zones inondables. Nous appliquerons également les principes de solidarité entre les plateaux, les versants et les fonds de vallée dans les politiques d’aménagement du territoire. Au niveau des surfaces agricoles, les surfaces devraient être couvertes le plus longtemps possible de cultures, tout en privilégiant celles avec un enracinement plus profond et la plantation de haies et d’arbres en bordure de champs. Nous soutiendrons également les pratiques agricoles qui régénèrent les sols et les rendent moins compacts et qui respectent les bonnes pratiques sectorielles afin de favoriser l’infiltration de l‘eau dans les champs.
Les cultures sur des terrains en pente devront faire l’objet d’une attention particulière pour prévenir les coulées de boue grâce à des aménagements spécifiques proportionnés au risque.
Nous proposons que la Wallonie se dote d’un programme régional de gestion intégrée des eaux pluviales qui favorise, partout où c’est possible, l’infiltration de l‘eau de pluie dans le sol ; et de poursuivre les efforts entrepris à Bruxelles en ce sens.
Nous restaurerons également les caractéristiques naturelles des fleuves et rivières en préservant et en augmentant les surfaces de plaines inondables, en renaturant les berges et en rendant leurs méandres aux cours d’eaux. Cela permettra de créer des zones inondables contrôlées qui soient en même temps favorables à la nature. Viser le bon état écologique des cours d’eau augmente notre résilience. Nous prendrons en compte les cartes d’aléas d’inondations lors de la délivrance de permis.
Nous améliorerons la culture de gestion du risque et des crises notamment en formant davantage les bourgmestres. Pour cela, les décisions du Gouvernement devront comprendre une analyse rapide de la contribution éventuelle à l’adaptation aux effets du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Nous renforcerons les mécanismes de surveillance, prévision et d’information. Il est essentiel de prévoir les risques, de s’accorder les ressources nécessaires et de créer des plans permettant la bonne coordination des différents services de secours, des pouvoirs locaux et des citoyen·nes qui souhaitent faire preuve de solidarité. En Wallonie, nous voulons organiser une consultation citoyenne autour du décret sur la hiérarchisation des usages de l’eau
1.8. Végétaliser nos villes, renforcer la résilience de nos forêts et accélérer la rénovation des bâtiments afin de nous rendre plus robustes face aux sécheresses et vagues de chaleur.
Avec le dérèglement climatique, la Belgique subira des périodes de sécheresses et de fortes chaleurs plus longues et plus intenses au fil des ans. Bien que l’eau semble abondante en Belgique, nous sommes en réalité un pays à haut stress hydrique. En plus de l’amélioration de l’infiltration de l’eau dans nos sols, dans la lignée de la stratégie sécheresse mise en place récemment en Wallonie, nous devons rapidement adapter notre gestion de l’eau et mettre fin à son gaspillage tout en améliorant l’infiltration de l’eau dans nos sols. Nous mettrons en œuvre des plans de priorisation des usages et de récupération et de (ré)utilisation des eaux usées et pluviales et veillerons à l’utilisation plus raisonnée de l’eau de nos nappes phréatiques en conditionnant plus fortement les usages industriels, notamment en adaptant les plans de cultures et nos usages de l’eau (voir chapitre agriculture et environnement). Les fortes chaleurs conduisent aussi à des pics de surmortalité. Pour faire face aux vagues de chaleur que nous subirons, la végétalisation des villes, l’isolation et l’adaptation des bâtiments, en commençant par les logements sociaux et socialisés, l’accès à l’eau ainsi que la prise en charge des personnes vulnérables sont des mesures adéquates et nécessaires. La santé de nos forêts sera aussi un point d’attention, nous veillerons à augmenter leur résilience.
1.9. Améliorer la qualité des eaux, en augmentant le niveau de protection des masses d’eau souterraine, en intensifiant la collecte et l’assainissement des eaux usées et en progressant dans la restauration des cours d’eau.
Partout dans le monde, l’eau de pluie est devenue impropre à la consommation à cause de la présence de produits chimiques toxiques dans l’air, dans l’eau et dans et sur nos sols. Nous retrouvons ainsi dans nos eaux de surface comme souterraines des produits chimiques issus de nos activités domestiques, agricoles et industrielles. Avec des rejets industriels et domestiques, les pratiques agricoles intensives ont contaminé 70 %des masses d’eau souterraines en Wallonie par des pesticides et des nitrates, principalement issus des engrais azotés de synthèse chimique. Nous voulons protéger la qualité de l’eau que nous buvons. Cela passe par maintenir nos services d’assainissement et de potabilisation à la pointe en matière de contrôle de la qualité. Cela passe également par une meilleure préservation de la qualité de l’eau. Nous préconisons ainsi un élargissement des zones « zéro intrant (0 pesticide et 0 engrais) » autour des zones de captage et par la généralisation des bandes tampons, constituées d’un couvert végétal couvrant et permanent, le long des cours d’eau. Cela passe également par la restauration progressive de la qualité hydromorphologique de nos cours d’eau.
1.10. Réduire l’utilisation des engrais azotés chimiques et les autres sources d’azote dans l’environnement pour lutter contre l’eutrophisation des plans d’eau et des cours d’eau.
Notre environnement est soumis à de trop nombreux polluants. La limite planétaire concernant la pollution chimique est d’ailleurs dépassée. Ces polluants s’accumulent dans l’environnement et/ou forment des sous-produits de dégradation qui peuvent présenter un risque pour la santé humaine et l’environnement.
Les principales pollutions à ce jour pour la biodiversité en Belgique sont l’excès d’azote et les pesticides chimiques de synthèse (biocides, etc.). Le protoxyde d’azote (N2O) est un gaz extrêmement réchauffant (presque 300 fois plus que le CO2) qui est principalement libéré par les fertilisants de synthèse et les fermentations entériques et une partie des excréments qui se décomposent. Il s’agit de la cause principale de dérèglement causé par l’agriculture chimique et elle a également pour conséquence l’eutrophisation de l’eau et les pluies acides. Il est cependant possible de réduire la quantité d’engrais azotés tout en maintenant une production agricole soutenable.
Notre proposition est d’améliorer le nouveau programme de gestion de l’azote en revoyant le calcul de la surface des exploitations agricoles pour déterminer l’épandage acceptable.
Par ailleurs, pour réduire davantage le besoin d’engrais azotés, différentes pratiques agricoles seront soutenues. À titre d’exemple, les plantations de légumineuses captent l’azote dans l’air et permettent de le fixer naturellement dans le sol. L’agroforesterie, l’utilisation de cycles de rotation des cultures, l’utilisation de couverture végétale, l’optimisation du pâturage, sont autant de pratiques pour lesquelles nous soutiendrons les agriculteurs et agricultrices.
1.11. Développer l’agroécologie et en finir avec les pesticides en commençant par l’interdiction des produits les plus problématiques pour la santé et l’environnement.
Notre dépendance aux pesticides fragilise notre modèle agricole en le rendant particulièrement vulnérable aux aléas environnementaux et climatiques ; en appauvrissant son sol et son fonctionnement naturel (destruction de la biodiversité) et en n’encourageant pas la diversité génétique et la mixité des cultures qui renforcent la résilience. Cela rend notre système dépendant de l’approvisionnement étranger en substances et donc du prix et de la disponibilité de ces substances sur les marchés internationaux. Pourtant, nous savons aujourd’hui nous passer des pesticides grâce à des pratiques agricoles biologiques qui sont tout à fait à même de nourrir l’ensemble des Européen·nes. Nous souhaitons donc réduire et puis supprimer l’usage des pesticides chimiques de synthèse en commençant par interdire les plus problématiques pour la santé et l’environnement. Nous voulons également mieux protéger certains publics sensibles (les agriculteurs et agricultrices, les résident·es proches de champs pulvérisés, les lieux d’accueil et de vie des enfants, etc.) et certains milieux naturels (réserves naturelles, zones de captage) grâce à des zones tampons.
1.12. Investir dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens et la pollution chimique en généralisant le principe « pollueur-payeur ».
La Belgique est un des rares pays à avoir un plan national de réduction des perturbateurs endocriniens. Malheureusement, ce plan n’est pas correctement mis en œuvre faute de moyens associés. Il est urgent de déployer les moyens pour mettre en œuvre ces plans tout en travaillant à hausser le niveau d’ambition de ces feuilles de route. Plus largement, face aux pollutions chimiques, nous voulons réduire à la source la production et la dispersion de ces polluants dans l’environnement et investir dans la recherche et la bio-surveillance de la faune et de la flore. Nous recommandons également de mieux appliquer le principe « pollueur-payeur » pour impliquer les producteurs et productrices dans la nécessaire réduction de ces pollutions et dans la création d’une économie plus circulaire.
1.13. En finir avec la pollution plastique, en travaillant à la suppression de tous les emballages plastiques et en supprimant progressivement tout usage unique ou de très courte durée de matière plastique.
L’omniprésence du plastique est une source majeure de problèmes écologiques qui font du climat à la biodiversité en passant par la santé humaine. Sa production nécessite l’émission de quantités importantes de gaz à effet de serre et son utilisation s’accompagne d’une dissémination catastrophique dans l’environnement terrestre comme marin (le fameux océan de plastique n’est qu’un exemple des dégâts produits) et d’une pollution des corps humains (depuis le stade fœtal), qui est pointée du doigt dans le développement de nombreuses maladies (cancers, obésité, diabète, etc.) et de divers dysfonctionnements.
Face à cette épidémie de plastique, nous voulons travailler à la conclusion d’un traité mondial sur le plastique (en cours de négociation) ambitieux. Nous voulons également travailler à supprimer tous les emballages plastiques (première utilisation du plastique à l’échelle mondiale) et plus largement supprimer progressivement tout usage unique ou de très courte durée de matière plastique ainsi que les microplastiques primaires (utilisés dans les fertilisants, le textile ou les produits de soin et d’entretien, peinture, etc.). Nous travaillerons aussi à la simplification des alliages utilisés pour faciliter le recyclage. Nous visons également à supprimer tout contact entre le plastique et l’alimentation en commençant par les cuisines de collectivité.
1.14. Développer, protéger et restaurer les puits de carbone naturels que sont notamment les forêts, les marais, les bocages et les océans.
Pour atteindre nos objectifs de décarbonation et limiter au maximum le dérèlement climatique et ses conséquences, et en complément des mesures conduisant à la réduction des gaz à effet de serre (l’atténuation), il sera indispensable de maintenir et développer les puits de carbone naturels (l’adaptation). Il s’agit d’écosystèmes capables de capter et stocker le CO2 présent dans l’atmosphère, tels que les forêts, les marais, les bocages et les océans. Nous préserverons, restaurerons et favoriserons ces écosystèmes précieux au travers de nos politiques agricoles, environnementales et d’aménagement du territoire. La création et l’extension de zones naturelles préservées et la fin de l’artificialisation des sols y contribueront notamment. Qui plus est, les stocks de carbone que sont par exemple les prairies agricoles seront préservées, grâce à un soutien renforcé à l’élevage extensif (avec une charge en bétail adaptée à l’autonomie fourragère et au bien-être animal).
1.15. Mettre fin à la déforestation importée pour préserver la biodiversité et lutter contre le dérèglement climatique.
Nous tenons à mieux protéger la biodiversité mondiale et les puits de carbone naturels en luttant contre la déforestation, qu’elle soit importée ou sur notre territoire. Les forêts couvrent un tiers de la surface mondiale, elles stockent le carbone, nous soignent, améliorent la qualité des sols, de l’eau, de l’air et accueillent une incroyable diversité de faune et de flore. La destruction de cet écosystème est l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité et le climat. Chaque année, c’est plus de 100 000 km² de forêt qui disparaissent, plus de trois fois la superficie de la Belgique. Les causes les plus courantes sont l’agriculture industrielle, l’extraction du bois (dont le bois de chauffage), l’exploitation minière, l’expansion des infrastructures et les feux de forêts. Selon un rapport du WWF, la Belgique à elle seule comptabilise une déforestation importée annuelle de 14.800 hectares, principalement associée aux matières premières agricoles consommées ou utilisées comme alimentation pour les animaux d’élevage.
1.16. Désinvestir du fossile et développer les mécanismes de financement nécessaires à la transition énergétique.
Nous devons réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Cela implique des investissements importants, mais à notre portée à la condition que nous « désinvestissions » des énergies fossiles.
C’est pourquoi nous voulons dès 2025 éteindre tous les investissements et les politiques publiques qui financent ou soutiennent l’exploration, le développement ou l’exploitation des projets d’hydrocarbures. Aussi, nous développerons davantage et nous nous appuierons sur les inventaires de subsides aux fossiles pour y mettre fin, tout en gardant les dispositifs présentant une dimension spécifiquement sociale, comme le tarif social de l’énergie. Nous veillerons à ce que le régime fiscal cesse d’avantager la consommation des énergies fossiles. Nous défendrons également l’inscription de la sortie des énergies fossiles dans les contrats de gestion, statuts et positionnements stratégiques des fonds et outils d’investissements publics, en particulier de la Société Fédérale de Participation et d’Investissement (SFPI).
L’ensemble des outils d’investissements publics (fédéraux, régionaux et supra-communaux) ainsi que les fonds de pension et capitaux privés doivent être ré-orientés, notamment pour accélérer la transition énergétique, et plus particulièrement pour permettre le développement des capacités de production renouvelable et réduire notre dépendance aux énergies fossiles de manière durable et juste.
Les politiques monétaires et budgétaires de l’Union européenne doivent soutenir directement la transition énergétique. Nous soutenons par exemple la création d’un fonds européen permanent dont l’objectif sera de financer les projets d’investissement en ce sens. L’adoption de politiques budgétaires responsables et soutenables tenant compte des besoins d’investissement liés à la transition écologique est une nécessité. L’austérité est incompatible avec la transition écologique et la justice sociale.
1.17. Mettre fin aux financements publics d’activités néfastes pour l’environnement et sortir du Traité pour la Charte de l’Énergie qui protège les investissements fossiles.
Les autorités publiques disposent, à travers la fiscalité, les investissement et la régulation de l’économie, de puissants leviers financiers pour accélérer la transition écologique.
Dans le cadre de la COP15 pour la biodiversité, la Belgique s’est engagée à identifier, éliminer ou réformer toutes les subventions néfastes pour la nature. Il est temps de concrétiser cet engagement en commençant par réaliser un inventaire de ces subventions (elles touchent des secteurs comme l’élevage industriel, le soutien à l’artificialisation des sols, la plantation d’espèces non indigènes et peu résilientes, le soutien fiscal du kérosène, etc.). Il s’agira ensuite de les réformer ou d’y mettre fin et de s’assurer qu’aucune nouvelle subvention ne soit mise en place.
Lors de la COP26 pour le Climat à Glasgow, la Belgique s’est également engagée à mettre fin au financement international des énergies fossiles. Il ne fait aucun doute que la neutralité carbone exige la fin de tels projets. Dès 2025, les investissements publics ne pourront plus financer l’exploration, le développement ou l’exploitation des projets d’hydrocarbures ou soutenir la consommation d’énergie fossile sur le territoire, à l’exception des dispositifs d’accompagnement social qui seront préservés et ajustés. Il faut par ailleurs conclure la sortie coordonnée européenne rapide du Traité pour la Charte de l’Énergie (TCE) qui protège les investissements fossiles.
1.18. Contribuer de manière juste au financement international pour le climat et au mécanisme de soutien à la biodiversité.
Les pays industrialisés, pollueurs historiques, se sont engagés à dédommager les pays en développement qui subissent les conséquences du dérèglement climatique tandis qu’ils y ont le moins contribué. Dans le cadre de l’accord de la COP15, les mécanismes de financement en faveur de la biodiversité ont également fait l’objet d’engagements ambitieux.
Nous défendrons des accords politiques entre les différentes entités compétentes afin d’adopter de nouvelles contributions ambitieuses au financement climatique. La contribution belge doit être rehaussée pour que notre pays contribue équitablement et de manière croissante, conformément aux accords internationaux. Nous débloquerons des financements tant pour l’atténuation au changement climatique, que pour l’adaptation et la couverture des pertes et préjudices. Nous nous assurerons également que la Belgique participe aux mécanismes de financement prévus par la COP15 pour la biodiversité. Nous utiliserons à cette fin une partie des sommes prélevées dans le cadre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières européennes.
1.19. Empêcher l’extraction minière en haute mer et la surpêche en adoptant un moratoire international.
Les milieux marins sont de formidables réservoirs de biodiversité encore largement inconnus (seuls 20 %des fonds marins ont été cartographiés). Ils nous nourrissent et constituent notre principal puit de carbone grâce au phytoplancton. Or, ces milieux sont soumis à de nombreuses pressions qui détruisent la biodiversité et perturbent le cycle de captation du carbone. Nous pointons notamment les dérèglements climatiques, l’acidification des océans, l’eutrophisation, la surpêche, les pollutions entre autres plastiques. Pour préserver ces milieux et leurs services écosystémiques, nous sommes résolument en faveur de l’adoption d’un moratoire international sur l’extraction minière en haute mer et sur la surpêche.
1.20. Renforcer la présence des questions liées à la biodiversité et au dérèglement climatique dans l’enseignement obligatoire, l’enseignement supérieur et l’éducation permanente.
Que savons-nous de la nature qui nous entoure ? D’où viennent les connaissances acquises ? Il arrive que les savoirs soient lacunaires. Quelques enfants seulement ont l’occasion de goûter aux plaisirs du contact avec la nature. Or, comment pouvons-nous protéger ce que nous n’avons pas appris à aimer et à connaître ? A travers les programmes d’études, nous diffuserons les connaissances scientifiques sur le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité, ses causes et ses conséquences au sein des écoles et des établissements d’enseignement supérieur, toutes filières confondues. Les thématiques environnementales devront être abordées de manière décloisonnée pour mettre en évidence l’interdépendance des aspects économiques, écologiques et sociaux. Nous le ferons également par le biais des organisations de jeunesse et du monde socio-culturel. Nous soutiendrons plus fortement le secteur de l’éducation permanente et de l’éducation à l’environnement.