13. Une sécurité sociale plus forte pour lutter contre les inégalités et la pauvreté

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13.1. Mettre en œuvre l’individualisation des droits en supprimant le statut de cohabitant·e.

Le fonctionnement de l’octroi des prestations sociales, qui s’appuie sur la notion de « ménage », se fait au détriment du principe d’égalité et de liberté de choix d’existence. Les allocations de protection sociale sont attribuées de manière différente selon que l’allocataire soit chef·fe de ménage, isolé·e ou cohabitant·e. Ce système injuste et anachronique induit de la pauvreté, en particulier chez les femmes.

Nous voulons supprimer le statut de cohabitant·e du point de vue des prestations en individualisant les droits sociaux. Cela permettra d’en finir avec les actuelles discriminations liées à l’état civil et à la cohabitation. Cela permettra également à chaque personne adulte de bénéficier de droits propres, indépendamment de ses liens privés avec une autre personne adulte. Ce statut social doit être aligné sur les montants des allocations pour « personne isolée ». Le statut de chef·fe de famille doit être maintenu pour tous les ménages qui ne disposent pas d’autres revenus.

Cette suppression ne peut pas avoir d’impact négatif sur d’autres droits. Il faut notamment avoir une vigilance particulière pour les droits dérivés en matière de pensions.

13.2. Assurer des revenus dignes aux allocataires sociaux en garantissant un revenu supérieur au seuil de pauvreté et en assurant la liaison des allocations au bien-être.

Une part importante des aides sociales ne permettent pas aux bénéficiaires de disposer de moyens suffisants pour assurer leur existence. Ces dernières années, nous avons œuvré à l’augmentation des allocations sociales. Nous voulons poursuivre cet effort en augmentant les montants afin de dépasser le seuil de pauvreté. Nous voulons par ailleurs assurer la liaison intégrale des allocations au bien-être (par une application complète de l’enveloppe bien-être et en appliquant l’indexation).

Il s’agit également de s’opposer à l’inflation de conditionnalité des droits et aides sociales.

Au niveau européen, nous continuons à plaider pour l’adoption d’une directive cadre pour un revenu minimum adéquat, basé a minima sur le seuil de pauvreté (60 %du revenu médian), et accessible, afin de réduire les discriminations et le non-accès aux droits, et afin d’élargir la couverture sociale.

13.3. Développer l’automatisation des droits sociaux et maintenir des services et guichets « physiques ».

De nombreuses personnes ne parviennent pas à exercer leurs droits sociaux ou à accéder aux aides dont elles pourraient bénéficier. C’est ce que l’on nomme le non-recours (les causes de ce phénomène sont multiples : manque d’information, réglementations complexes, lourdeurs administratives, stigmatisations, craintes du contrôle,etc.).

Nous voulons agir aux différents niveaux de pouvoir pour améliorer cette situation. Il s’agit notamment au niveau des administrations de poursuivre le travail d’identification des droits qui peuvent être automatisés. Au niveau des services publics et d’intérêt général, nous voulons simplifier les démarches administratives dans une logique d’accessibilité maximale, notamment en associant les associations de terrain (qu’il s’agit par ailleurs de renforcer) et les personnes en situation de précarité pour construire des actions qui soient le plus ancrées possible dans la réalité.

De manière générale, nous nous opposons à l’inflation de conditionnalité des droits et aides sociales.

Nous souhaitons également avancer vers une solution de type « guichet physique unique » avec des permanences à horaires appropriés où les personnes pourraient être informées sur l’ensemble des droits (emploi, logement, santé…) et redirigées vers les services pertinents. En plus des guichets et permanence physique, prévoir l’accessibilité par téléphone via une permanence téléphonique (avec numéro non surtaxé).

Aucune démarche ne peut être exclusivement numérique. Le gouvernement doit imposer des minimas légaux sur l’accessibilité physique des services publics et d’autres services essentiels tels que les mutuelles, les syndicats, les banques, etc.

13.4. Renforcer le financement de la protection et de la sécurité sociale, en faisant contribuer tous les types de revenus.

En Belgique, la sécurité sociale constitue le cœur de la protection sociale. C’est un outil majeur de lutte contre la pauvreté.

Nous voulons assurer un financement suffisant, prévisible et durable de la sécurité sociale afin de faire face aux différents défis tant à court qu’à long terme.

Actuellement, la sécurité sociale est principalement financée par les cotisations sociales (prélevées sur le travail), par le transfert de recettes fiscales et par des subventions de l’État fédéral, dont la dotation d’équilibre. Le financement de la sécurité sociale doit être revu afin de consolider son assise, le rendre plus diversifié et plus équitable. Nous proposons donc d’alléger la pression fiscale sur le travail, particulièrement sur les bas salaires, en remplaçant certaines cotisations par une Cotisation Sociale Rééquilibrée (CSR) dont l’origine serait liée aux revenus du capital.

Enfin, nous voulons renforcer la protection sociale des indépendant·es grâce à un mécanisme de cotisations adapté (en ajoutant des plafonds intermédiaires) pour assurer une meilleure participation à la solidarité des plus hauts revenus au bénéfice des petit·es indépendant·es.

13.5. Garantir une énergie accessible à un prix abordable via notamment un élargissement du tarif social, une tranche énergétique de base à bas prix et des contrats énergétiques de long terme.

Notre dépendance aux énergies fossiles, et aux pays qui les produisent, nous rend vulnérables aux crises des prix de l’énergie, comme l’année 2022 l’a montré. Face à des prix vraisemblablement instables dans les années à venir, de nombreuses familles risquent de basculer dans la précarité énergétique.

Avoir accès à l’énergie indispensable pour assurer une vie digne et confortable doit devenir un droit fondamental consacré explicitement dans la Constitution belge. Ce droit doit être effectif, notamment via une automatisation de l’accès aux différentes aides en matière d’énergie.

Nous assurerons l’énergie accessible à un prix abordable. La fourniture d’une tranche élémentaire d’énergie à bas prix doit être garantie par les pouvoirs publics pour les ménages ayant de bas revenus. Nous voulons élargir le tarif social de l’énergie et le rendre automatique sur base des revenus. Nous voulons mettre fin aux coupures sans intervention d’un juge de paix.

Pour réduire la facture, nous voulons que les consommateurs et consommatrices puissent bénéficier des prix plus faibles des énergies renouvelables en créant des contrats énergétiques de longue durée, avantageux et protecteurs. En particulier, nous mettrons en place les « contrats pour différence » qui protègent les consommateurs et consommatrices des prix élevés et limitent les surprofits engrangés par la production renouvelable, tout en instaurant un cadre stable pour les investisseurs et investisseuses.

13.6. Garantir le droit humain à l’eau, notamment en constitutionnalisant ce droit, en « mensualisant » les factures d’eau et en améliorant les mesures d’économie de l’eau.

En Belgique, 1 ménage sur 5 est en situation de précarité hydrique principalement du fait de l’augmentation du prix de l’eau combiné à des situations de précarité financière et à de mauvaises conditions de logement.

L’accès à l’eau est un besoin essentiel et un droit humain fondamental. Nous voulons l’inscrire dans l’article 23 de la Constitution afin de le rendre effectif pour toutes et tous.

Nous voulons renforcer l’accès à l’eau en poursuivant le travail de restructuration du prix de l’eau afin qu’il soit juste et abordable, tout en respectant les obligations européennes de « coût-vérité de l’eau » et en assurant un refinancement durable du secteur de l’eau pour qu’il puisse assumer ses missions. Plus concrètement, nous souhaitons renforcer l’accès à l’intervention sociale de l’eau (notamment par l’extension à la Wallonie de l’intervention sociale pour les ménages BIM) et lutter contre le non-recours. Il faut aussi continuer à généraliser l’interdiction des coupures d’eau domestique, comme c’est le cas à Bruxelles depuis le 1er janvier 2022. Une attention particulière sera portée à l’individualisation des compteurs.

Nous voulons par ailleurs étendre la facture mensualisée, généraliser le « tarif fuites », et imposer aux prestataires de disposer d’un service client physique et accessible.

Nous voulons également améliorer l’accès aux mesures d’économie d’eau, ce qui permettrait à chacun·e de réduire sa consommation et donc sa facture.

Enfin, étant donné que la précarité hydrique est aussi liée aux difficultés d’accès à l’eau dues au manque d’infrastructures sanitaires, nous voulons garantir un accès gratuit à l’eau et à l’hygiène dans l’espace public en augmentant l’offre de fontaines, de toilettes gratuites et entretenues, ainsi que de douches publiques.

13.7. Garantir l’accès à une alimentation de qualité accessible à toutes et tous, via une suppression de la TVA sur les aliments biologiques produits localement, une extension de la gratuité des cantines scolaires, ainsi qu’un meilleur contrôle des marges des intermédiaires et en élaborant les bases d’une politique de sécurité sociale alimentaire.

L’alimentation de qualité et durable doit être accessible à toutes et tous, au bénéfice de la santé, du bien-être et de l’environnement.

Nous voulons soutenir l’élaboration d’une sécurité sociale alimentaire, à mettre en œuvre en concertation avec les partenaires sociaux et les mouvements agroalimentaires et environnementaux. Il s’agirait, à terme, de créer une nouvelle branche de la Sécurité sociale permettant pour toutes et tous un accès effectif à une alimentation de qualité. Cette mesure contribuera à une meilleure santé, à une juste rémunération des agriculteurs et agricultrices et à une transition agro-écologique.

Certains prix alimentaires sont aujourd’hui déconnectés de la réalité. C’est pour mieux contrôler les pratiques de définition des marges que nous voulons élargir les missions et les pouvoirs de l’Observatoire des prix, en matière alimentaire. Nous voulons faire toute la transparence dans la chaîne alimentaire et éviter les abus pratiqués par certains intermédiaires entre la fourche (la légitime rémunération des agriculteurs et agricultrices) et la fourchette (la légitime préoccupation des consommateurs et consommatrices pour le prix des aliments), tout en prenant en compte les coûts environnementaux et climatiques des aliments et des différentes pratiques agricoles. Nous voulons renforcer l’accessibilité à une alimentation de qualité pour tous et toutes et protéger la rémunération des producteurs et productrices.

Nous souhaitons renforcer l’accès à une alimentation de qualité et durable pour toutes et tous en supprimant la TVA sur les produits biologiques locaux, et en développant massivement les repas sains et accessibles dans les écoles, les crèches et les maisons de repos (et de soins). Nous voulons en ce sens étendre les programmes de cantines durables lancés en région wallonne avec Manger Demain et en région bruxelloise avec Good Food, renforcer leur accompagnement et les pérenniser. Ces programmes permettent de soutenir l’accessibilité financière à des aliments durables pour assurer une relocalisation de notre alimentation et une meilleure santé. En particulier, nous voulons, sous la prochaine législature, renforcer l’accessibilité et étendre la gratuité de repas scolaires durables et de qualité.

Nous voulons également soutenir les projets concrets qui renforcent le droit à une alimentation de qualité pour toutes et tous, tels que les projets communautaires, coopératifs, solidaires et multiplier les projets qui renforcent le droit à une alimentation de qualité des personnes précarisées (épiceries solidaires….), tout en améliorant l’aide alimentaire tant sur le plan quantitatif que qualitatif pour faire face à une demande croissante.

Concrètement, il s’agira de repenser l’aide alimentaire de sorte qu’elle s’émancipe des circuits de redistribution d’une alimentation de piètre qualité nutritionnelle et environnementale, fruit de circuits économiques injustes sur le plan social.

13.8. Soutenir les familles monoparentales en renforçant l’accès au SECAL et développer des initiatives locales, de solidarité, d’entraide et de détente, notamment via des services de baby-sitting.

Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses, et dans 80 %des cas, il s’agit de mamans solos. Près d’une famille monoparentale sur deux « vit » avec des revenus en-dessous du seuil de pauvreté, mais les difficultés concernent également le logement, l’emploi, la santé mentale, l’éducation ou co-éducation.

Tant qu’il n’y aura assez de places en milieux d’accueil subventionnés, nous voulons ouvrir la possibilité aux chef·fes de famille monoparentale de recourir aux crèches privées, avec une intervention financière des pouvoirs publics en fonction des revenus.

Il est indispensable de mieux identifier l’ensemble des familles monoparentales alors qu’aujourd’hui, les critères diffèrent selon les législations. Nous voulons uniformiser les critères et preuves de charge d’enfants pour les différentes politiques publiques. Nous voulons aussi créer un registre des modalités d’hébergement qui reprendrait les situations de garde alternée et qui servirait de document pour l’ensemble des politiques publiques donnant des droits et avantages aux familles concernées. Il faut par ailleurs aussi faciliter la coparentalité fiscale.

Améliorer la situation des familles monoparentales, c’est aussi contribuer à réduire les inégalités de genre et à lutter contre la précarité infantile. Pour ce faire, nous voulons renforcer l’accès au SECAL (Service de créances alimentaires), étendre ses missions et revaloriser le montant des pensions alimentaires en tenant compte du niveau de vie du parent débiteur.

Enfin, en partenariat avec les services sociaux locaux, nous souhaitons soutenir toute initiative permettant la solidarité, l’entraide et la détente des familles monoparentales, avec notamment des services de baby-sitting.

13.9. Soutenir les aidant·es-proches en levant les freins à l’obtention du statut et en revalorisant celui-ci (droits sociaux effectifs, montants revalorisés, prime mensuelle, etc.).

Dans notre pays, plus d’un million de personnes sont aidantes-proches, dont la grande majorité sont des femmes. En 2020, la Belgique a créé un statut en 2020. qui permet la reconnaissance d’aidant·es-proches comme des acteurs et actrices du « soin » à des personnes en fragilité (santé, handicap, vieillesse). Il permet de bénéficier d’un congé thématique de 3 mois à temps plein, à certaines conditions. Dans les faits, peu d’aidant·es-proches font appel à ce dispositif. Il est essentiel de les soutenir davantage, tout refusant de les considérer comme une variable d’ajustement pour combler les manques de financements des structures d’aide et de soins.

En collaboration avec les associations d’aidant·es-proches et les mutuelles, nous voulons renforcer ce statut, lever les freins à son obtention, lui adjoindre des droits sociaux effectifs et accessibles (notamment en assouplissant les critères d’octroi pour le congé thématique), augmenter les montants des allocations pour interruption de carrière, prévoir une prime mensuelle quel que soit le statut socio-professionnel de l’aidant·e-proche (au travail, au chômage, indemnisé·e, pensionné·e, étudiant·e…) et prévoir un avantage fiscal lors de l’appel à des services d’aide.

En outre, afin de soulager les aidant·es-proches, nous voulons leur permettre l’accès à des services de relais pour la ou le proche aidé, chèques culture, etc.

13.10. Développer une approche globale pour lutter contre le sans-abrisme, notamment en agissant sur la prévention, le soutien aux structures d’urgence et au personnel qui y travaille et en mettant en œuvre des solutions permettant une sortie durable du sans-abrisme.

Le sans-abrisme recouvre toute une série de situations où les personnes sont dépourvues d’un « chez-soi » ou d’un logement décent. Il ne s’agit pas seulement du fait de vivre dans la rue. Le sans-abrisme est en augmentation constante pour des raisons structurelles (crise socio-économique, précarisation du monde du travail, refus du devoir d’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile, manque de logements abordables, etc.), institutionnelles (manque de places d’accueil dans différentes structures, manque de suivi suite à une incarcération ou un séjour en hôpital psychiatrique par exemple) et « individuelles » (enjeux de santé, rupture familiale, violence domestique, etc.).

Il est fondamental et urgent de développer une politique d’accès à des logements abordables et de qualité.

Pour réduire le sans-abrisme, une approche globale est nécessaire. Définie en concertation avec les acteurs et actrices de terrain, elle inclut la prévention (empêcher la perte de logement), une prise en charge digne de l’urgence sociale, et un accompagnement lors de la remise en logement (par un renforcement des services post-hébergement).

Par ailleurs, nous voulons aussi assurer un financement structurel plus important des associations qui œuvrent à la lutte contre le sans-abrisme. Ces moyens doivent leur permettre non seulement d’assurer leurs missions de base, mais aussi de déployer des solutions innovantes en lien avec les spécificités des publics. Il faut notamment pouvoir déployer des solutions spécifiques d’urgence pour les femmes, les jeunes, les personnes ayant un animal de compagnie.

Au-delà des moyens budgétaires, il importe également d’offrir aux équipes du temps pour la formation (genre, santé mentale, exil, etc.), de l’encadrement et de l’intervision afin de lutter contre le turn-over.

De manière structurelle, nous voulons augmenter le nombre de logements disponibles pour les sans-abris en mobilisant les politiques de logement et via la multiplication des partenariats pour mettre à disposition des associations des logements et espaces temporairement inoccupés (logements publics en attente d’être rénovés, bureaux vides, etc.), via des contrats d’occupation précaire, avec possibilité de domiciliation (ce qui permet de retrouver ses droits), mais aussi par un soutien aux coopératives immobilières sociales de type Fair Ground.

Des initiatives telles que les tiny house ou logements modulaires ont démontré leur impact positif. Nous voulons amplifier leur déploiement.

Enfin, l’accès aux droits doit être renforcé. Il est nécessaire d’harmoniser les pratiques en ce qui concerne les adresses de référence et les Revenus d’Intégration Sociale (RIS), et d’accompagner ces publics spécifiques dans les différentes démarches leur permettant des possibilités d’insertion.

En outre, nous voulons qu’un objectif soit fixé au niveau de l’Union européenne pour mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030. La Commission doit prendre des mesures plus efficaces pour soutenir les États membres dans l’éradication du sans abrisme. Cela doit être une priorité dans le cadre du plan d’action du Socle européen des droits sociaux. Il faut aussi mettre fin à la criminalisation des personnes sans domicile et soutenir le modèle Housing First par l’intermédiaire d’instruments de financement tels que le Fonds social européen Plus et le Fonds européen de développement régional.

13.11. Lutter contre le surendettement, en interdisant les saisies dont le produit ne couvre pas les frais, en réduisant la période de remboursement et en garantissant un minimum « vital » plus décent.

Le surendettement est un enjeu majeur avant tout lié à la pauvreté. Les personnes accumulent des dettes structurelles parce qu’elles ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour répondre à leurs besoins. De plus, il existe en Belgique ce que l’on peut nommer une « industrie de la dette ». Certain·es professionnel·les du recouvrement ont créé un véritable modèle de profit qui pousse la personne encore plus profondément dans l’endettement. Le recouvrement judiciaire entraîne par ailleurs des coûts astronomiques et injustifiés.

Nous voulons prioritairement :

  • Relever les revenus et les allocations les plus bas au-dessus du seuil européen de pauvreté et supprimer le statut de cohabitant·e ;
  • S’attaquer au non-recours aux droits et aides sociales :

Mais il est tout aussi nécessaire de réformer le recouvrement judiciaire :

  • Interdire les saisies dont le produit ne couvre pas les frais ;
  • Réformer les tarifs élevés et peu transparents des huissiers de justice, et limiter les autres frais de justice élevés ;
  • Réduire la période de remboursement et garantir un minimum « vital » plus décent ;
  • Associer à cette réforme les organisations représentant les personnes en situation de pauvreté et les services de médiation de dettes.

13.12. Mettre en place un plan ambitieux d’alphabétisation en s’appuyant sur les acteurs et actrices du secteur et en renforçant les passerelles vers la formation professionnelle.

Une personne sur dix ne sait ni lire, ni écrire à l’âge adulte dans notre pays, mais plus nombreuses encore sont les personnes qui, même si elles savent lire, sont dans une situation d’illettrisme, d’incapacité à comprendre et à traiter les informations lues. Parce que ces situations constituent des obstacles à l’émancipation, à l’accès à l’emploi et à la participation démocratique, nous voulons garantir un droit à l’alphabétisation en mettant en place un plan ambitieux, qui passe nécessairement par un soutien plus important aux actrices et acteurs du secteur, un meilleur accès à la formation alpha et un renforcement des passerelles vers les formations professionnalisantes.

13.13. Garantir aux CPAS les moyens structurels de leurs missions afin d’offrir un accompagnement social renforcé aux bénéficiaires, notamment en augmentant la part d’intervention fédérale dans le RIS à 100 %et en renforçant le cadre des travailleurs et travailleuses sociales.

Les CPAS jouent un rôle fondamental de dernier rempart social. Ils assument également un rôle de leviers d’insertion sociale et socioprofessionnelle.

Aujourd’hui, les CPAS tirent légitimement la sonnette d’alarme : ils rencontrent des difficultés croissantes dans l’exercice de leurs missions faute de disposer des moyens budgétaires et humains à la hauteur.

Nous voulons augmenter les moyens d’action des CPAS, notamment en augmentant la part d’intervention fédérale dans le revenu d’intégration sociale (RIS) à 100 %, tout en rendant ce dernier automatique et individualisé.

Aucune mission nouvelle déléguée aux CPAS ne peut être envisagée sans un financement adéquat.

De plus, il est également indispensable que le cadre des travailleuses et travailleurs sociaux soit renforcé et qu’ils et elles disposent de salaires revalorisés et de conditions de travail leur permettant effectivement de proposer un accompagnement humain et efficace. Du temps pour la formation et la supervision doit être garanti.

13.14. Instaurer un salaire minimum et un revenu minium au niveau européen.

Nous défendons l’instauration d’un salaire minimum européen ainsi que l’instauration d’un revenu minimum européen, à l’instar du Parlement européen qui l’a exprimé dans une résolution en mars 2023.

Nous plaidons pour l’adoption d’une directive européenne sur le revenu minimum qui garantirait à tou·tes les citoyen·nes européen·nes un revenu de subsistance qui leur permettrait de payer le loyer, de se nourrir sainement, d’accéder aux soins de santé, et de payer leurs factures.

13.15. Soutenir le volontariat, en préservant son caractère gratuit, en supprimant l’obligation de déclaration préalable de volontariat, et en créant un fond pour financer les formations.

L’engagement volontaire est un maillon essentiel pour une société plus conviviale et plus égalitaire, particulièrement en matière de lutte contre la pauvreté. Un nombre incalculable de services et d’institutions fonctionnent grâce à des bénévoles et des volontaires. Le volontariat consiste en une activité qui ne fait l’objet d’aucune rétribution, obligation ou recherche d’un profit personnel, et qui s’exerce en dehors du cadre familial ou privé, à travers une organisation ou association.

Ce volontariat libre, gratuit, tourné vers autrui doit être protégé et soutenu, notamment en :

  • Levant les freins à l’engagement volontaire des demandeuses et demandeurs d’emploi indemnisés, en supprimant l’obligation de déclaration préalable de volontariat (formulaire C45B) ;
  • Allégeant les procédures administratives (et notamment en facilitant l’accès aux assurances pour les petites structures) ;
  • Créant un fonds pour financer les formations pour les administrateurs et administratrices bénévoles et les formations pour renforcer la mixité des publics.

Nous voulons en outre garantir le caractère gratuit du volontariat en précisant dans la loi sur le volontariat que les législations relatives au travail ne s’appliquent pas au bénévolat, et en révisant l’arrêté royal permettant l’augmentation du plafond de défraiement annuel pour certain·es volontaires.

13.16. Soutenir le travail de terrain des structures (services sociaux, maisons de jeunes, éducation permanente, etc.) qui répondent aux besoins socio-environnementaux des publics populaires et précarisés afin de prévenir et combattre les inégalités environnementales.

Nous ne sommes pas tou·tes sur un même pied d’égalité face aux risques environnementaux. Les inégalités environnementales se manifestent concrètement par une exposition plus forte des personnes précarisées et des territoires vulnérables aux risques environnementaux (pollution, inondations…), et un accès moindre aux ressources (eau, énergie, espaces verts). Ces inégalités sont d’autant plus injustes que les populations qui les subissent en sont les moins responsables. De plus, il arrive que les inégalités environnementales résultent des politiques environnementales elles-mêmes lorsqu’elles sont mal calibrées.

Face à ces constats, il est indispensable d’inscrire l’impératif de justice sociale au cœur des enjeux environnementaux. Nous voulons renforcer les démarches d’« écologie populaire » qui visent de manière concrète, sur le terrain, au contact des publics, à améliorer leurs conditions de vie en articulant les enjeux sociaux et environnementaux (accès aux droits sociaux, accès à une alimentation de qualité, espaces verts pour les enfants, activités extra-scolaires, logements sains et assez grands, mobilité, accès aux loisirs, embellissement du quartier…) à l’échelle d’un territoire.

Nous voulons mieux soutenir et renforcer les moyens des associations, maisons de quartier et services sociaux de première ligne en lien avec les publics précaires, tant pour leurs missions de base, qui relèvent de l’effectivité des droits sociaux et de la cohésion, que pour des projets innovants permettant d’articuler social et écologie et de renforcer le travail communautaire. La mise en place de tels projets est tributaire de lieux de rencontre et d’expression qu’il s’agit dès lors de développer.