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Regards sensibles] Etat du Monde - Portrait (7/7) de Némo Camus: les sons pour se projeter dans le réel

Publié le 31 janvier 2023
Rédigé par 
Ecolo

En septembre 2021, Ecolo a lancé un appel à projets artistiques sur le thème de la transition écologique. C’est la première fois qu’un parti politique offre un espace de création à des artistes. Chaque mois, nous vous proposons le portrait d’un·e artiste du projet [Regards sensibles] Etat du Monde pour faire sa connaissance.

Aller sur le terrain, c’est prendre le risque du réel. On se confronte à des situations qui nous font perdre nos repères, qui nécessitent de rester toujours à l’affût, éveillé

Némo Camus est un artiste sonore originaire de France. C’est à Paris, où il a grandi, qu’il a fait des études en cinéma, sociologie et sciences politiques, à l’université. Il est arrivé à Bruxelles il y a 3 ans et demi pour intégrer un Master Réalisation Radio de l’INSAS. Depuis la fin de ce master, il réalise des documentaires sonores pour la radio sur différents sujets qui sont à l’intersection entre les enjeux écologiques et décoloniaux.

Il est également engagé chez Jef Klak, un collectif français qui propose une revue annuelle accompagnée d’un disque sonore. Pour le 7ème numéro de la revue, Terre de feu (2021), il a réalisé un documentaire sonore sur la contamination au chlordécone (NDLR : insecticide hautement toxique utilisé dans les bananeraies pour lutter contre le charançon du bananier) en Guadeloupe et en Martinique. Il termine actuellement un projet sur la peste porcine africaine pour lequel il est allé à la rencontre de chasseurs vivants dans le département de la Meuse.

Lorsqu’il a entendu parler du projet culturel d’Ecolo, il a eu envie de candidater car ses centres d’intérêts artistiques sont fortement liés aux questions écologiques. En outre, il s’agissait d’une opportunité rare d’obtenir un financement conséquent pour un projet vis-à-vis duquel il aurait carte blanche.

Némo s’intéresse à l’extraction du lithium (NDLR : élément alcalin léger, il est utilisé pour la fabrication de batteries pour l’industrie automobile) et il s’est rendu à Manono, en République Démocratique du Congo, où se trouve l’une des plus grandes réserves de lithium au monde. Sa proposition se déploie sous la forme d’une installation sonore immersive. Pendant la journée, les visiteurs de l’exposition pourront déambuler à travers plusieurs hauts-parleurs qui donneront à entendre les sons du travail des femmes et des hommes dans les mines de Manono. Le soir, une activation de la pièce aura lieu avec Joëlle Sambi, slameuse et poétesse. Ensemble, iels liront des textes et poèmes écrits sur le thème de l’extraction qui entreront en dialogue et en résonance avec les sons de Manono. Par le son, il aimerait transmettre des émotions, des sensations et le trouble ressenti sur place. Ce projet vise aussi à nous interpeller sur nos ambiguïtés vis-à-vis de la question des énergies “vertes”, trop souvent romantisée selon lui.

Ce qu’il trouve intéressant dans le documentaire, c’est la projection sur le réel. C’est également une approche réflexive sur son travail : « Qui suis-je en tant que personne blanche qui vient prendre des sons, les ramener chez lui, les traiter chez lui pour ensuite les présenter et signer une pièce de mon nom ? Comment désamorcer l’extractivisme que je pratique moi-même dans ma démarche artistique ? »

Sa pratique se fait en plusieurs temps : d’abord, des prises de sons sur le vif, quand les personnes sont d’accord d’être enregistrées. Là bas, la question de la rémunération des personnes enregistrées a toujours et tout le temps été posée, ce qui n’est pas le cas en France ou en Belgique quand on fait du documentaire. Ensuite, il poursuit le travail avec certaines personnes avec lesquelles une curiosité ou une sensibilité partagée naît. Enfin, un rendez-vous est donné et la prise de son se fait dans un contexte de studio, comme pour les chants par exemple.

Némo a envie de faire vivre ce travail au-delà de l’exposition à LaVallée (du jeudi 30 mars au dimanche 2 avril 2023). Il attend le vernissage pour pouvoir envoyer sa proposition à des programmateurs et des festivals. Il y a de fortes chances pour qu’il présente ce travail à Amsterdam dans le cadre de ses liens avec le collectif On-Trade-Off qui travaille sur notre rapport à l’énergie. Avec l’espoir aussi de pouvoir présenter cette pièce bientôt à Lubumbashi et à Manono…

Il est actuellement occupé à un autre projet : la conception d’une pièce de danse sur l’histoire de sa grand-mère brésilienne. Cela sera présenté dans un an, le 16 février 2024, à l’atelier 210 (210 Chaussée Saint-Pierre, 1040 Bruxelles).

Ce que nous pouvons lui souhaiter pour l’avenir ? « Investir la relation, l’amour et rester à l’écoute ». Un beau programme !

Pour en savoir plus sur les différent·e·s artistes du projet [Regards sensibles] Etat du monde, nous vous invitons à aller sur la page du site Ecolo consacrée au projet et aux artistes. Nous vous invitons également à (re)lire le magazine Créons Demain du mois de juin 2022, une double-page leur est consacrée.

Venez échanger avec les artistes dans une discussion publique entourée d’ateliers, concerts, spectacles dans un des 4 pop-up en Wallonie:

Samedi 4 février à Liège
Centre culturel du Beau-Mur
Artistes : Shani Hannay, Loughi

Dimanche 12 février à Tournai
La Petite Fabriek
Artiste : Axelle Minne

Samedi 18 février à Charleroi
Charleroi Danse
Artistes : Némo Camus, Baptiste Conte

Samedi 11 mars à Namur
Croix Rouge de Jambes
Artistes : Kevin Lerat, François Pacco

ou lors du vernissage

Jeudi 30 mars au dimanche 2 avril
La Vallée (Bruxelles)
Tous les artistes seront présent·e·s

Pour en savoir plus et vous inscrire, rendez-vous sur l’agenda.

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