Pour une relocalisation circulaire et durable des activités productives européennes
Comme la plupart des pays européens, la Belgique est largement dépendante des importations pour de nombreuses ressources stratégiques, dans des secteurs aussi cruciaux que la santé ou les équipements électroniques. Dans ce contexte, il est essentiel de réorganiser notre modèle productif, en se fondant sur les circuits-courts et les savoir-faire de nos territoires. Cette relocalisation de la production en Europe passera par le verdissement des procédés industriels grâce aux apports de l’économie circulaire, et impliquera la création de nombreux emplois non-délocalisables.
La pandémie a révélé l’extrême vulnérabilité de certaines chaînes de valeur, mettant en lumière les limites et les dangers de la mondialisation à flux tendus. Ce modèle globalisé est également à l’origine de nombreuses externalités négatives, en termes de dégradation de l’environnement et de conditions de travail souvent déplorables dans les pays tiers. Face à ce constat et aux risques de diverses natures qui sont de plus en plus présents, il convient de repenser notre système de production globalisé.
Concrètement, il ne s’agit pas de viser l’autarcie mais bien de relocaliser certains secteurs stratégiques (l’alimentation, la métallurgie, les soins santé, le textile…) au niveau européen. L’Europe apparaît en effet comme l’échelon le plus pertinent pour envisager cette réindustrialisation locale et durable. Celle-ci doit s’appuyer sur les apports de l’économie circulaire et de l’innovation afin d’assurer la transition écologique de nos territoires.
Ce changement majeur nécessite un retour plus marqué de l’État dans l’économie, afin de réguler les échanges internationaux, de réorganiser les territoires suite à l’implantation de nouvelles industries locales et d’inciter l’ensemble des acteurs économiques à adopter des modèles circulaires. Plus qu’un changement de modèle économique, cette transition est un changement culturel de paradigme, qui implique plus de sobriété, de collaboration, de transparence et plus de responsabilité de la part de l’ensemble des acteurs.
Avec le soutien de politiques publiques ambitieuses, un nouveau modèle industriel local peut retrouver une place importante au sein de notre économie, en tant que facteur-clé de notre développement économique, de notre résilience mais aussi de reconnexion des citoyens entre eux, avec les pouvoirs publics et avec leur territoire. Alors que la désindustralisation a été historiquement liée à la montée du chômage et des territoires en perdition, la réindustrialisation peut permettre de générer des emplois industriels directs et indirects non-délocalisables et de créer des écosystèmes productifs locaux décarbonés et dynamiques.
La relocalisation des activités productives constitue ainsi un véritable projet de société, qui permettra de recréer de la valeur et de redonner un souffle économique aux territoires. Cet objectif pourra permettre l’avènement d’une société prospère et durable, dans laquelle les aspects économiques, sociaux et environnementaux de son développement se renforceront. C’est ce qui permettra de gagner en prospérité tout en améliorant la résilience face aux futures crises.