La lutte contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité, l’amélioration du bien-être des travailleurs, la réduction des inégalités sociales passent par un changement de modèle économique. Cette transition doit s’accomplir main dans la main avec les entreprises. C’est une priorité pour Ecolo qui tiendra un congrès sur ce sujet crucial le samedi 15 avril à Mons (inscriptions et liste des participants). Membres du parti et entrepreneur·ses échangeront sur les objectifs et obstacles à ce formidable défi à relever tous ensemble. C’est le député wallon Manu Disabato qui organise ce congrès.

(si vous préférez voir et entendre plutôt que lire, la vidéo est au bas de l’article)

Pourquoi ce congrès?

Manu Disabato : La question qu’on se pose d’abord prioritairement, c’est la question du sens : aujourd’hui, quel est le sens de l’économie ? Qu’est ce qu’on veut produire et pourquoi ? Pour nous, c’est vraiment quelque chose de central, surtout pour la nouvelle génération qui arrive parce qu’elle est demandeuse de ce sens, elle ne souhaite plus aujourd’hui faire un travail qui n’a pas de sens.

On veut aussi parler de la transition économique. C’est un des sens qu’on veut pouvoir donner à cette économie et qu’on appelle de nos voeux en tant qu’écologistes : respecter les limites de la planète, vivre mieux plutôt que de toujours viser plus. C’est l’objectif central de ce congrès.

En quoi va consister le congrès?

Manu Disabato : L’idée est de faire venir toute une série d’entreprises, des entrepreneur·ses qui s’investissent au quotidien pour développer leurs activités. Nous souhaitons différents types d’entreprises. Tout d’abord, celles que j’appelle les entreprises régénératrices, c’est à dire celles qui vont avoir un impact positif pour l’environnement en le régénérant.  Des représentants d’Ecosteryl (Mons – traitement des déchets hospitaliers), Realco (Louvain-la-Neuve – produits de nettoyage) et Graine de Malice (Gembloux – produits textiles) seront présents.

Il y a aussi les entreprises du secteur de la construction dont l’impact peut être très positif pour l’environnement. Quand vous rénovez un bien, vous réduisez la facture des gens, vous créez de l’emploi et, en plus, vous réduisez le CO2 qu’on émet. Et ça, pour nous, c’est extrêmement positif. David Eloy, l’administrateur délégué du groupe Eloy basé dans la province de Liège, viendra échanger avec nous à propos de ce secteur crucial.

Un troisième domaine que j’aimerais bien pouvoir aborder est celui des entreprises qui ne sont pas encore pleinement engagées dans la transition économique. Comment entrevoient-elles le défi climatique et environnemental ? Quels sont les freins et que pouvons-nous proposer comme solutions? C’est vraiment ce qu’Ecolo veut faire.

Réorienter les investissements pour permettre justement que ce soient celles et ceux qui s’investissent dans la préservation de notre planète qui soient récompensés

quel rôle doit jouer le pouvoir politique vis-à-vis de ces entreprises?

Manu Disabato : Ecolo veut pouvoir être au côté des entrepreneur·ses qui veulent s’investir dans cette transition économique mais ne savent pas très bien comment faire ou ne disposent pas de tous les outils. Nous devons, en tant que pouvoirs publics, être à leurs côtés. Et pouvoir aussi réorienter les investissements pour permettre justement que ce soient celles et ceux qui s’investissent dans la préservation de notre planète qui soient récompensés. D’un point de vue fiscal d’abord, mais aussi d’un point de vue des aides et des subsides qu’on peut accorder aux entreprises.

C’est vraiment au coeur de notre réflexion : comment peut-on aider les entrepreneurs, les entrepreneuses, les gens qui s’investissent au quotidien dans l’économie pour améliorer les choses, c’est à dire améliorer leur activité, créer de l’emploi, mais tout en respectant en tout cas les limites de la planète?

Il faut aujourd’hui passer d’un modèle ou on jette à un modèle où on recycle

Ecolo ne cesse de rappeler qu’il faut accélérer la transition économique. Pourquoi?

Manu Disabato : L’Europe n’est pas une grande productrice de matières premières et doit aller les chercher ailleurs. Dans la compétition mondiale, on a toute une série d’autres entreprises étrangères qui souhaitent aussi y avoir accès. On l’a vu pendant le Covid, on a eu des pénuries, des augmentations de prix qui étaient gigantesques. On doit se préserver d’un point de vue économique par rapport à ça et s’investir pour récupérer, réutiliser tous les matériaux qui sont déjà chez nous. C’est pour ça qu’il faut aujourd’hui passer d’un modèle ou on jette à un modèle où on recycle, c’est à dire le modèle circulaire. Dans le modèle classique, on va extraire, produire puis jeter le produit. Tandis que dans le modèle circulaire, on va extraire, produire puis recycler et remettre les éléments au sein de ce cycle-là, ce qui est extrêmement positif pour l’environnement et qui permet de réutiliser aussi les matières.

La transition économique est également porteuse de nombreux emplois, 80.000 en Belgique selon les prévisions. On a un objectif de taux d’emploi de 80% pour pouvoir financer les services publics, pour pouvoir financer les services à la collectivité.

Au delà de tous ces objectifs, il y a la question du sens avec laquelle j’ai commencé: pourquoi est-ce que l’on veut produire aujourd’hui?