Primes à la rénovation en Wallonie : le Gouvernement MR-Engagés sème le chaos dans le secteur et met un coup de frein à la transition écologique
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Le Gouvernement wallon MR-Engagés a annoncé ce jeudi une réforme transitoire du système des primes à la rénovation énergétique. Diminution de 60% en moyenne des montants de base, baisse du plafond d’intervention de 90% à 70% ou 50 %, suppression de certaines primes, la coupe est claire et vise un seul objectif : réduire le coût pour les finances publiques au dépend du climat. Si une simplification des primes était nécessaire, la modification réalisée par le Gouvernement wallon “à la hussarde” s’apparente à une cure d’austérité sans vision. Un choix anti-social, anti-pragmatique qui sème le chaos dans le secteur et met un coup de frein à la transition écologique!
Cette coupe se fait en effet sans aucune vue sur les objectifs de transition énergétique et climatique de la Région ! En effet, le Gouvernement, qui a mis au frigo le Plan Air Climat Energie (PACE 2030) de la Région depuis plus de six mois afin de le revoir, n’indique en rien s’il mettra en oeuvre par exemple les obligations de rénover son bien dans les 5 ans d’un nouvel achat immobilier, ni quelle trajectoire ou quels leviers il développe en ce sens. Après l’occasion manquée qu’a constitué une réforme des droits d’enregistrement de plusieurs centaines de millions € sans aucun lien avec la performance énergétique des bâtiments, le Gouvernement semble naviguer sans plus aucune boussole climatique, mais avec comme seule vision celle d’une austérité imposée par ses propres réformes !
Pire, ce nouveau régime transitoire – avant une potentielle suppression pure et simple des primes à la rénovation d’ici l’automne 2026 ? – démarrera… dans 15 jours, plongeant les citoyens et les citoyennes autant que les entreprises de rénovation dans un chaos généralisé !
Une réforme antisociale
Aujourd’hui, 64 % des logements wallons ont une performance énergétique inférieure à la classe D. Cela signifie que des centaines de milliers de familles vivent dans des habitations qui, chaque hiver, deviennent de véritables passoires énergétiques. Pire encore, près de 200 000 ménages consacrent plus de 10 % de leurs revenus à leurs factures d’énergie.
La diminution des primes opérée par le MR et les Engagés pénalise en premier lieu les ménages les plus précaires, qui continueront à vivre dans des logements mal isolés, avec des conséquences pour leur santé, leur confort et leur facture d’énergie ! Avec une réduction de 60% du montant de base et un plafonnement plus strict de la prime totale, les primes risquent de ne plus constituer, pour une série de ménages, un incitant suffisant pour financer des travaux de rénovation !
Un exemple concret : un ménage dont le revenu de référence est situé entre 38.300,01 et 50.600€ veut refaire l’isolation et la couverture de son toit (tuile, roofing, autre). Dans le système actuel, il a droit à 120€/m2 pour l’isolation et 40€/m2 pour la couverture. Soit 160€ du m/2. Ce qui donne une prime de 19.200€ pour un toit de 120 m/2. Le GW annonce diminuer les primes de 60% en moyenne. Avec la réforme annoncée par le GW, cette prime ne serait que de 40% de 19.200€ = 7.680 €. Soit une perte de 11.520 euros.
Une aberration écologique
Face à l’urgence climatique et à la flambée des prix de l’énergie, l’objectif fixé jusqu’ici par la Région était clair : d’ici 2050, tout le parc immobilier résidentiel doit atteindre une performance énergétique de classe A. Pour y parvenir, il faudrait rénover environ 30 000 logements par an, soit un triplement du rythme actuel.
Or, le Gouvernement s’engage dans la direction inverse : il réduit les moyens et crée du doute et du chaos, ralentissant encore davantage la dynamique de rénovation. Loin d’accélérer la dynamique de transition essentielle dont notre climat a un besoin urgent, il appuie sur le frein, sans donner aucune vue sur sa réforme – menée en parallèle – du PACE 2030.
Le Gouvernement a déjà manqué une occasion réelle de soutenir de façon socialement juste la transition énergétique, en associant sa réforme des droits d’enregistrement à la performance énergétique du bâtiment (ou aux travaux de rénovation envisagés). Une approche bien peu efficace et rationnelle en termes de budget public, pour une réforme qui va coûter cette année 250 millions € à la Région ! Aujourd’hui, on navigue donc à vue !
Un choix irréaliste et brutal pour les citoyens
Après un flou entretenu par le Gouvernement pendant des mois, la réforme (qui reste provisoire) des primes énergie s’impose par ailleurs de manière brutale et déloyale. Toutes les personnes qui ont fait un audit récemment, à qui l’auditeur a annoncé des primes calculées sous l’ancien régime, sont supposées fournir un devis ou un bon de commande, et apporter la preuve du paiement d’un acompte avant… demain !
En pleine précipitation, les citoyens doivent payer au moins 20% des travaux, introduire un dossier en 15 jours et espérer que tout soit en ordre.
Par ce fait du prince, des ménages qui comptaient sur une prime déjà promise se retrouvent abandonnés du jour au lendemain, littéralement ! Promesses non tenues, incertitude généralisée, et des travaux reportés ou annulés faute de soutien. Une décision incompréhensible qui impacte directement le portefeuille des ménages et le travail des professionnels de la rénovation.
Par ailleurs, ce régime transitoire ne donne encore aucune garantie sur le maintien d’un soutien régional après l’automne 2026 ! Pour un Gouvernement qui voulait assurer la stabilité pour les entreprises et simplifier la vie des gens, on repassera !
Une pression intenable sur les entreprises
Pour pouvoir encore profiter du régime de primes actuel, les entreprises ont 15 jours pour finaliser des travaux, établir des factures pour 20% du budget total et envoyer tous les documents. Une aberration ! Quelle entreprise peut garantir cela sans bâcler le travail ? On met une pression insensée sur les professionnels du secteur.
“Le Gouvernement MR-Engagés sabote la rénovation énergétique. Après avoir amputé le budget global des primes énergie, le Gouvernement réduit maintenant de 60% le montant des aides et crée un chaos administratif tant pour les ménages que les entreprises. Alors que nous devons au contraire accélérer la rénovation du bâti et que le succès des primes était au rendez-vous, ce Gouvernement d’un autre temps pénalise les familles, les professionnels du bâtiment. Et nous empêche de lutter efficacement contre les dérèglements climatiques. Le Gouvernement wallon aurait-il déjà oublié les inondations de 2021?” , indique Céline Tellier, députée wallonne Ecolo.