Permis de l’Aéroport : “Charleroi ne peut pas devenir la poubelle sonore et environnementale de la Wallonie »
Le permis d’exploitation de l’aéroport Brussels South Charleroi Airport (BSCA) a été délivré hier par le Gouvernement wallon.. Pour Ecolo, c’est un projet de « poubelle sonore » qui est à la fois absurde économiquement et irresponsable pour les riverains et la santé publique.
Plus de pollution, moins de qualité de vie pour un modèle économique dépassé
Le Gouvernement wallon a validé la 6e révision du Plan d’exposition au bruit (PEB) sans fixer, dans le cadre du nouveau permis, de plafond clair concernant le nombre de vols à l’aéroport de Charleroi. Le Gouvernement balaie ainsi d’un revers de la main la proposition de l’administration wallonne : 70.200 vols annuels à l’horizon 2031, soit une augmentation de 20.400 vols par rapport à 2019. En 2045, sur base de l’étude d’incidences, on peut tabler sur une augmentation de 67 % du trafic aérien passant de 49.800 mouvements annuels à 83.000 ! Cette logique de croissance semble acceptée sans remise en question. “Même Jean-Jacques Cloquet, ex- CEO de BSCA et aujourd’hui député régional (Les Engagés), déclarait dans L’Echo, il y a quelques années, que viser 15 millions de passagers constituait une erreur face aux enjeux climatiques. Un avertissement ignoré par le management actuel» explique Veronica Cremasco, députée Ecolo au parlement wallon.
Ni le Gouvernement wallon ni l’étude d’incidences ne traitent sérieusement des impacts climatiques du projet. En validant une croissance du trafic largement supérieure à celle envisagée par les projections du secteur, le nouveau permis de BSCA entre en contradiction avec la dynamique qui sous-tend les objectifs climatiques de la Wallonie.
Le Business model de l’Aéroport de Charleroi est également absurde économiquement : avec des redevances de 2,46 € par passager, BSCA tire artificiellement les prix vers le bas au profit de compagnies ultra low-cost comme Ryanair.
« Ce modèle n’est ni durable, ni rentable et expose les finances publiques wallonne à des risques importants. Il est temps d’engager une transition vers un modèle soutenable, équitable plutôt que vouloir toujours plus de pollution, moins de qualité de vie pour une modèle économique dépassé. » explique Marie Lecocq.
Pour les riverains : aucune garantie pour leur sommeil et toujours plus de pollution aux PFAS
BSCA est déjà un aéroport de nuit dans les faits, en violation des horaires officiels, mettant en péril le sommeil et la santé des riverains. Le permis, même sur base de la réforme des quota counts envisagées, ne donne aucune garantie suffisante contre les vols tardifs.
Le cadre légal actuel ne permet pas de sanctionner efficacement les compagnies qui ne respectent ni les horaires d’exploitation de BSCA ni les normes de bruit. Les amendes, allant de 200 à 7.700 euros, sont rarement appliquées. Le GW prévoit de les augmenter à 10.000 euros, mais cette mesure semble symbolique.
Ecolo demande donc une limitation stricte et juridiquement contraignante des horaires d’exploitation, en cohérence avec les recommandations de l’OMS sur le sommeil ainsi qu’un renforcement du soutien aux riverains, notamment par l’extension des aides à l’insonorisation des chambres à coucher.
“Le Gouvernement affirme vouloir garantir la transparence dans le suivi du nouveau permis, mais cette transparence semble s’arrêter aux discussions avec les communes. Les riverains, pourtant directement concernés, ne seront toujours pas associés aux comités d’accompagnement. Leur parole reste ignorée.” explique Veronica Cremasco.
Par ailleurs, l’aéroport de Charleroi est pointé du doigt pour une pollution significative aux PFAS, des polluants dits “éternels”, qui contaminent le cours d’eau du Tintia et du Tic-Tic. Le problème est d’autant plus grave que les eaux du Tintia irriguent des cultures, abreuvent du bétail et peuvent contaminer les nappes phréatiques. Pourtant, aucune mesure de décontamination ou de monitoring régulier n’est prévue par le Gouvernement wallon.
« Ce permis engage l’avenir de toute une région. Il ne peut être conçu dans l’opacité, l’illégalité et le déni climatique. L’aéroport de Charleroi ne peut devenir la poubelle sonore et environnementale de la Wallonie.» conclut Marie Lecocq.