Brouillard budgétaire, déni écologique, risque de casse sociale : Les Engagés et le MR plongent les citoyennes et les citoyens dans l’incertitude
Le MR et Les Engagés viennent de conclure des accords de majorité en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ecolo prendra le temps d’une analyse chiffrée des Déclaration de politique régionale et de politique communautaire au regard des défis à relever.
Toutefois, à la lumière de la communication portée ce jeudi par les deux présidents, nous souhaitons d’ores et déjà exprimer plusieurs éléments de première analyse.
Il y a certes des éléments qui semblent a priori intéressants, sous réserve de précision et concrétisation, comme les mesures de simplification administrative et la réorganisation de structures publiques ou des réseaux scolaires, la réduction du nombre de Ministres ou encore le renforcement de la prévention en matière de santé et la reconnaissance d’un statut pour les familles monoparentales.
Mais ces déclarations sont surtout des déclarations d’intention, lacunaires et ressemblent davantage à une communication préélectorale et laissent de nombreuses zones floues. En particulier, c’est le brouillard complet en matière budgétaire, puisque la coalition annonce des restrictions pour plus d’un milliard €, à quoi il faut ajouter les réductions de recettes qu’elle entend réaliser, sans exposer sérieusement et clairement les moyens qu’elle entend mettre en œuvre pour financer cette double démarche. C’est donc manifestement l’austérité qui arrive, avec le risque de mesures qui mettent à mal la cohésion sociale, le risque d’économies qui cassent des dynamiques bénéfiques ou qui reportent ou annulent des investissements nécessaires pour l’avenir de la Wallonie.
Les politiques écologiques sont manifestement devenues totalement périphériques dans la politique gouvernementale et les orientations proposées ne sont pas à la hauteur des enjeux, alors que l’urgence ne cesse de croître.
Ainsi, il y a des remises en cause d’éléments fondamentaux qui nous écartent potentiellement de la trajectoire climatique en affaiblissant le Plan Air Climat Energie. Le développement des énergies renouvelables sera moins soutenu, voire freiné, pendant que des technologies plus onéreuses seront promues. L’extension du réseau routier est relancée, tandis que l’ambition pour le vélo est réduite et que le déploiement des transports en commun est également en recul. Les objectifs en matière de lutte contre les pesticides et substances chimiques dangereuses pour la santé et l’environnement sont également particulièrement vagues et dénuées de toute déclinaison concrète.
Une série d’autres politiques nous inquiètent, notamment en matière d’allocations familiales, de pouvoirs locaux ou d’emploi, sans compter les conséquences néfastes pour la précarité et pour les CPAS de la limitation dans le temps des allocations de chômage.
Enfin, il y a peu ou pas de mesures en matière d’éthique politique ou d’assainissement des pratiques politiques. Il est également singulier que MR et LE ignorent ou feignent de ne pas savoir que plusieurs réformes, notamment en matière électorale ou institutionnelle, requièrent une majorité des deux tiers. Le débat – bienvenu – sur la supracommunalité mérite par ailleurs mieux qu’un effet de manche ou une consultation populaire instrumentalisée par le Gouvernement et du reste illégale.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, le Gouvernement déploie une vision essentiellement technico-budgétaire et technico-institutionnelle défaite des attentes citoyennes et associatives. Il est fondamental de remettre l’enfant et les jeunes au cœur des priorités.
Nous rappelons la nécessité fondamentale de construire cet avenir par la concertation et le dialogue : des organisations syndicales aux directions en passant par les associations représentatives de parents, tous et toutes ont relayé leurs inquiétudes : il sera fondamental d’opérer ces “réformes basculantes” au plus près de ces préoccupations.
Quant aux réformes annoncées, Ecolo soulève des manquements essentiels :
- nous déplorons le manque d’ambition manifeste du Gouvernement en matière d’alimentation dans les milieux d’accueil et dans l’enseignement, pour soutenir une offre d’alimentation locale, durable et accessible;
- l’école doit répondre aux questionnements et aux préoccupations des enfants et des jeunes : nous sommes inquiets par l’absence d’ambition en matière de développement des outils de l’EVRAS ou de l’éducation relative à l’environnement;
- nous regrettons la volonté de brider le déploiement du Pacte pour un Enseignement d’Excellence et d’en transformer certains objectifs initiaux, dont le volet du Tronc commun qui semble devoir être dénaturé ;
- nous déplorons l’empressement à déconstruire le statut des enseignants en dehors d’un dialogue et sans avoir préalablement mené un travail de lutte efficace contre la pénurie et en faveur de conditions de travail sereines;
- Nous nous interrogeons sur la volonté de soutenir d’abord une privatisation de la culture et de contraindre ses acteurs à des efforts budgétaires. La timidité des références aux droits fondamentaux tels que les droits culturels est particulièrement préoccupante.
- L’absence de référence de l’inscription de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans la durabilité est déplorable. Aucune solution pour rendre les mondes culturels et médiaux plus résilients face aux enjeux climatiques est dommageable.
Au niveau de l’enseignement supérieur, les réformes évoquées nous font craindre pour l’accessibilité de l’enseignement supérieur, tout comme le silence sur les moyens déployés afin de garantir le financement de la nécessaire sortie de l’enveloppe fermée.
Dans la petite enfance, Ecolo se réjouit de voir le Gouvernement s’engager pour la création de places supplémentaires et d’assurer la continuité et la cohérence des trajectoires entamées par les majorités précédentes.
Ecolo restera en tout cas extrêmement vigilant. Dans les jours qui viennent, nous prendrons le temps d’une analyse attentive de ces deux textes fondateurs et écouterons les expressions dans la société.
Comme écologistes, nous nous ferons le relais des légitimes préoccupations des organisations représentatives et des citoyennes et citoyens. Nous agirons en force d’opposition constructive. Nous soutiendrons les propositions qui font progresser la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles et nous combattrons les mesures qui les font reculer.