L’accès à la terre pour les agriculteurs
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Question d'actualité
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Région Wallonne
Monsieur le Ministre, si vous connaissez un peu le monde agricole, comme moi vous savez à quel point il est rare que toutes les tendances se mettent d’accord, mais c’est le cas quand il s’agit de qualifier l’achat des terres par des groupes de grande distribution. C’est une pratique de plus en plus courante, par exemple, le magazine d’investigation flamand Apache a relevé que Colruyt, ces dernières années, a acheté 175 hectares de terres en Belgique, principalement dans le Hainaut. L’Observatoire du foncier, en complément de cela, diagnostique aussi que si c’est un acheteur privé et pas un agriculteur qui achète une terre agricole, le prix payé est généralement plus haut. C’est la double peine pour les agriculteurs qui veulent s’acheter des terres : ils doivent déjà payer des prix plus hauts, mais aussi des terres qui deviennent de plus en plus rares, parce qu’il y a d’autres acteurs qui spéculent sur ces terres.
Le verdict du monde agricole est sans équivoque : l’achat de terres par les groupes de grande distribution augmente la pression foncière. Ils vont plus loin, ils disent que cela menace même l’indépendance des exploitations. Pour eux, la terre doit rester entre les mains des agriculteurs et il est hors de question de se faire imposer le choix de leur culture par des groupes de grande distribution, qui possèdent des terres.
C’est dans ce sens que 150 agriculteurs ont manifesté vendredi passé au siège social de Colruyt, pour dénoncer cette pratique qui s’installe en Belgique, qui est beaucoup plus présente en Europe de l’Est. Ils parlent même de menaces, ils disent que « si cela continue, si on se retrouve avec des contrats de culture qui sont courts et très désavantageux, on va perdre de l’activité agricole. »
Que faites-vous pour que les agriculteurs puissent rester propriétaires de leur outil de travail, pour qu’ils puissent conserver la liberté de choix dans leur culture ?
Vous avez rencontré Colruyt. Pour vous, cette rencontre a-t-elle changé quelque chose ? A-t-elle pu conscientiser ce groupe sur les effets néfastes de leur stratégie ?