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Pour Ecolo, la décolonisation des esprits passe par la décolonisation de l’espace public.

Publié le 25 juin 2020
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Un travail qui a débuté dès l’entrée en majorité

Pour faire un point sur les actions déjà réalisées, plusieurs élu·e·s Ecolo se sont retrouvé·e·s ce jeudi 25 juin pour un petit-déjeuner-conférence de presse suivi d’une balade décoloniale sur les traces de réalisations des échevin·e·s vertes.

En guise d’introduction, Kalvin Soiresse Njall, député régional très actif sur le sujet souligne : « L’espace public bruxellois contient près de 70 références glorifiantes à la colonisation du Congo. Pour Ecolo, ce passé doit être assumé et réfléchi : une véritable politique de mémoire et de réconciliation doit être menée. Cela passe par la mise en contexte, le déplacement des œuvres dans des musées, mais aussi par la transfiguration artistique, le dialogue interculturel et par toute une série de dispositifs pédagogiques adaptés sur le sujet, à l’école et en dehors. »

Première étape : Le Square de Meeus

À Ixelles, il a été décidé par le Collège communal, de déplacer la statue de Émile Pierre Joseph Storms, plus connu sous le nom de “Général Storms”, dont la présence dans l’espace public est fortement controversée. Il a mené et s’est surtout vanté des actions de conquête coloniale très violentes. Il a aussi ramené en Belqique, nombre de trophées de guerre dont le crâne du Roi Lusinga lwa Ng’ombe.

Des contacts ont été pris dans ce sens avec le Musée de Tervuren qui devrait mettre le buste dans ses réserves.

« Les statues telles qu’on les voit aujourd’hui ne poussent pas forcément à la réflexion. Le travail doit être fait au niveau scolaire, au niveau de la mémoire. Je voudrais relever le fait que nous vivons une période très tendue. Le COVID ne nous a pas fait du bien. On est dans une période difficile où on peut vite s’opposer les uns, les autres. On oppose les policiers avec les manifestantes et manifestants, les citoyennes, citoyens, celles et ceux qui sont belges d’origine avec les autres… On est dans une période dangereuse où il est extrêmement important que chacun de nos actes essaye de rassembler. » ajoute Christos Doulkeridis , Bourgmestre d’Ixelles.

Pour Ken Ndiaye, Echevin de la Culture à Ixelles : « L’espace public est à tout le monde, il porte un message, il n’est pas statique par essence, il est en évolution. Le ‘Général Storms’ représentait une certaine époque. Il est resté plusieurs décennies dans l’espace public. Maintenant, il peut aller ailleurs. Sa place est dans un musée, ce qui permettra de mieux contextualiser les faits qu’il a pu accomplir. »

Vers le Square Leopoldville

À Etterbeek, un projet de remplacement temporaire des noms de rues par des noms de femmes, notamment des résistantes aux entreprises coloniales occidentales est déployé depuis la mi-juin.

Sur le square, on peut admirer la plaque portant le nom de Marie Muilu Kiawanga. Cette résistante congolaise a pris la tête de l’église kimbanguiste à partir de l’arrestation de son mari (1921), Simon Kimbangu, afin de pérenniser son œuvre et de permettre ainsi à une partie de la population congolaise de se retrouver lors de réunions clandestines.

« Notre espoir serait évidemment que ces plaques temporaires prennent, à terme, la place des anciennes, ce qui permettrait d’enlever les noms de personnes ayant commis des actes abjects tout en n’occultant pas le passé colonial de la Belgique et en mettant en avant des femmes ayant Å“uvré pour la décolonisation. Mais pour cela, il faut du temps et de la pédagogie. Ce qu’on a hâte de mettre en place dans les prochains mois avec des balades pédagogiques à destinations des citoyen·ne·s et des écoles. » ajoute, lui, Karim Sheikh Hassan, échevin de l’Espace Public et de la Cohésion Sociale à Etterbeek.

Rendez-vous placer Wiener

« En novembre 2019, on a organisé la diffusion de la pièce Colon(ial)oscopie au centre culturel La Vénerie », raconte Aurélie Sapa (conseillère communale) qui, avec l’échevine Ecolo Odile Bury, font partie de la majorité boitsfortoise.

« Le 30 juin, on hissera le drapeau congolais sur la façade de la Maison Communale pour marquer symboliquement l’anniversaire des 60 ans de l’Indépendance. On trouve cela primordial de passer par la culture et l’art pour évoquer ce passé. Parce que l’espace public nous appartient à toutes et à tous, il doit être à l’image de notre société, nous représenter. Quelle est la légitimité et surtout la place des innombrables vestiges glorifiant une époque de violence, de massacres, d’exploitation et de domination sans nom dans notre espace public commun? Combien avons-nous de personnes créatives et talentueuses dans ce pays qui pourraient le remplir d’un nouveau sens, plus positif et inclusif  », explique la jeune conseillère.

Le tour s’achève à Schaerbeek

Sihame Haddioui (échevine de la Culture & de l’Egalité des chances) nous accueille devant l’immense statue de Leopold II, dont la contextualisation est en cours pour nous parler de ses projets à venir :

« On est en train de mettre sur pied un groupe de travail composé d’associations, d’académicien·ne·s, d’archivistes de citoyen·ne·s et… d’artistes ! L’objectif : passer au crible le passé, avec des lunettes contemporaines, par la contextualisation, l’expression artistique et les archives (qu’elles soient communales ou qu’elles proviennent des citoyen·ne·s). Il sera abordé sous 3 axes : Patrimoine, éducation et culture. J’en ai l’intime conviction : faire un travail efficace contre le racisme, les discriminations et la citoyenneté passe indubitablement par la contextualisation des différents épisodes historiques qui font échos aux parcours migratoires d’une grande patrie des schaerbeekois·e·s. »

Ensemble à tous les niveaux

Pour Marie Lecocq, co-présidente d’Ecolo Bruxelles, « si cette balade démontre bien quelque chose c’est qu’on a beaucoup parlé d’espace public ces dernières semaines, et que c’est maintenant le début d’un grand chantier pour le rendre plus juste et plus collectif. Décoloniser l’espace public est un des pas vers la décolonisation de notre espace mental! En travaillant ensemble et de manière cohérente, les écologistes bruxellois·e·s sont au cÅ“ur de ce combat, dans les communes, les parlements bruxellois, de la fédération ainsi qu’au fédéral, pour une société de la reconnaissance et de l’inclusivité pour toutes et tous. »

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